D'après le livre de Fernando Pessoa. Un petit aide-comptable rêve à une vie meilleure, et finalement découvre que sa vie banale vaut tout l'or du monde.
Journal de bord d’un homme qui navigue sur des eaux ignorées de lui-même, Le Livre de l’intranquillité est l’autobiographie sans événement d’un être qui tente de se réveiller du cauchemar d’exister. Au gré de ses pérégrinations dans l’incessante exploration de soi, cet être atteint finalement la plénitude, « parce qu’il s’est vidé de tout le vide du monde. »
Dans ce regard d’une lucidité implacable, d’une sincérité et d’une honnêteté peu commune, le plus immobile des poètes touche ici à l’universel.
En découvrant Le livre de l’intranquillité quelque chose m’avait immédiatement touché chez son personnage-narrateur, ce héros dérisoire, étranger aux autres, au monde, et jusqu’à lui-même. En interrogeant le regard que nous portons sur le monde, Pessoa, par ses intuitions poétiques, semblait m’inciter à soulever le coin d’un voile recouvrant des vérités fondamentales, contradictoires, inaccessibles à la raison. Et très vite, l’envie de porter à la scène cette voix qui s’essaie à se dire, cet être qui s’essaie à exister. Mais retrouvé dans une malle où le poète entassait tous ses papiers, le manuscrit original du Livre se présente sous l’aspect d’un amas de fragments souvent inachevés. Il me fallait donc composer mon propre livre à partir de ce non-livre.
Aujourd’hui, il me tarde d’explorer plus avant, par l’alchimie qu’offre la confrontation charnelle du théâtre, ces textes singuliers qui n’en finissent pas de me troubler. Je suis curieux de découvrir avec vous tout ce qui pourrait encore s’y révéler.
David Legras
3, rue des Déchargeurs 75001 Paris