Comédie satirique inspirée du Révizor de Gogol.
A Duckpond, petite ville dans le New Jersey, on se prépare à la visite imminente du Ministre japonais du Commerce extérieur. Un jeune couple d’acteurs pris pour les dignitaires japonais va profiter de la méprise pour duper le maire et son entourage. Roger Eichelberry, Maire de Duckpond dans le New Jersey, persuadé d’être passé à côté de sa vie, croit tenir sa revanche sur le destin.
Il convoque les membres de son conseil municipal pour préparer la visite qu’il pense imminente du Ministre japonais du Commerce extérieur. Il faut aussi garder le secret, que les habitants soient maintenus dans l’ignorance, le temps de tirer le profit maximum de cette visite providentielle.
Le faux ministre et sa suivante (un jeune couple d’acteurs renvoyés d’une tournée de Miss Saïgon) vont profiter de la méprise pour duper ces petits notables désabusés et corrompus.
Le spectateur sera témoin de la crédulité et de l'aveuglement des protagonistes qui se jouent la comédie du pouvoir et de la peur, expression de Meyerhold à propos du Révizor, jusqu'au pathétique de la scène finale.
« Existe‐t-il de comédie sans vérité ni malice ? » dit Gogol. « Existe t‐il meilleur exemple de vérité et de malice que Le Révizor ? » lui répond Schisgal et il ajoute « Oui, ma pièce a été écrite pour provoquer les rires, mais surtout, suivant ton conseil, elle a été écrite avec un peu de vérité et beaucoup de malice. »
Pièce inédite de Murray Schisgal, l’auteur de Love et coscénariste de Tootsie.
Il s’agit d’une œuvre inédite de Murray Schisgal, d’une comédie satirique inspirée du Révizor. La pièce de Gogol est transposée de nos jours dans une petite ville américaine. Schisgal entre Molière et Feydeau - chez Gogol précisément ! – choisit le chemin de la farce qui conduit à la vérité. Tout y semble exagéré et pourtant nous sommes renvoyés à nos aveuglements volontaires, à notre monde où la réalité peut dépasser la fiction (discours politiques, escroqueries financières, langage amoureux). Schisgal pose un regard lucide et amusé sur l’homme, condamné à jouer ce qu’il n’est pas.
Les personnages de Schisgal, typés et excessifs, poussés par la nécessité, font du théâtre sans le savoir et empruntent le parcours du comédien de la coulisse au plateau, sans bouger de la scène de leurs propres vies. Caustique ou touchante, la comédie ici ne cesse de poser la question de la représentation, des représentations, miroirs déformants qui font de notre vie « un théâtre ».
La direction d’acteurs s’attachera à orchestrer sons et rythmes pour rendre compte du charme essentiel de la comédie sans rien céder sur la vérité des êtres. Comme le suggère Gogol, moins l’acteur pensera à faire rire ou être drôle plus il révèlera le comique qu’il aura pris de son rôle. Le comique se révèlera tout seul justement par le sérieux avec lequel chaque personnage représenté dans la comédie est pris par ce qu’il fait. Ne pas mentir comme un fanfaron mais avec de l’émotion. Jouer Schisgal comme l’on jouerait Tchekhov avec un clin d’œil aux grands comiques américains (Jerry Lewis ou Danny Kaye).
Nous travaillerons sur les corps-marionnettes soumis, agis par l’intrigue. Les frères Chichinsky sont le corps hystérisé des projections mentales du maire. Ils font le va et vient entre le monde intérieur et le monde extérieur, la maison et la ville, les fantasmes et la réalité.
Le travail sur les ressorts du langage nous occupera tout particulièrement : la puissance comique des personnages découle de leur mauvaise foi assumée. Le maire, cuistre usant de termes châtiés qu’il maîtrise mal, passe de la flagornerie à l’abattement, de la dépression à l’autoritarisme. Pour le Ministre, le comique va naître du crédit que ses hôtes lui accordent et qui le révèlent à lui-même. Falot en privé avec sa petite amie, il devient un séducteur et un acteur inspiré devant son auditoire.
La scénographie épurée, s’attachera à camper l’intérieur rustre et négligé d’une Amérique ordinaire. La lumière rendra compte du passage du temps, du matin où la comédie monte en force au soir quand les personnages vidés de tout espoir, figés, se font pathétiques et graves. Architecture lumineuse de l’espace pour accentuer les perspectives, les irruptions soudaines, le vaudeville.
L’action se passe en 1992. Temps aujourd’hui presque lointain. Donner à sentir le parfum d’une époque pas si lointaine qui n’est plus. Il était une fois… quand l’Amérique et le Japon au faîte de leur puissance économique pouvaient encore rivaliser, avant que crises et catastrophes ne viennent bousculer notre vision de demain.
Stéphane Valensi
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