Une véritable déclaration d’amour aux comédiens ET au théâtre ; ce chef d’œuvre du théâtre baroque français est très rarement joué.
Connaissez-vous le théâtre baroque français ? Hymne à la profusion de la vie, à la liberté et aux mises en abymes ; théâtre dans le théâtre dans le théâtre ; confusion perpétuelle des genres littéraires…
Quand Rotrou (1609-1650) consacre une pièce au saint patron des comédiens, Genest, il ose ce que personne n’avait jamais osé : faire primer le mérite sur la naissance. Et faire de Genest un saint non pas bien que comédien, mais parce que comédien. Et pour bien nous persuader que le monde n’est qu’un gigantesque théâtre, il nous présente des comédiens qui répètent, prennent une voix venue du ciel pour une blague du souffleur et… des empereurs qui comme eux ne font que jouer un rôle.
Qu’il s’agisse des répétitions, des explications sur le jeu d'acteur ou des problèmes d'ego, ces développements sur le métier de comédien font de cette oeuvre le premier exemple de cette nature. Un type de pièce qui verra fleurir beaucoup plus tard le Capitaine Fracasse de Théophile Gauthier, l’Entrée des artistes de Marc Allégret ou le Molière d’Ariane Mnouchkine.
La mise en scène souligne la modernité de cette pièce qui ose tout et proclame la liberté de religion, parce que l’incarnation est l’alpha et l’oméga de toute chose, que le théâtre est incarnation pure, et que la grâce (ou le don ou le talent, et donc le rôle à jouer) est une chose simple à laquelle ont doit s’adapter humblement et sans bruit, mais sans jamais abdiquer sa liberté d’action.
13, rue du Faubourg Montmartre 75009 Paris