L’action se déroule de nos jours, en automne, dans une usine de recyclage de papiers. Une immense presse est au centre d’un grand atelier. Des tas de vieux cartons, des piles de journaux et de papiers sont entassés un peu partout.
Bobby Bailey dit "le bélier" et George Ferguson dit "la crevette", la trentaine, sont deux copains d’enfance. Ils travaillent à façonner des balles de papiers et de cartons de récupération. Avec fierté, Bobby apprend à George qu’il sort le soir même, avec leur ancienne camarade de classe Betty Starck. Celle-ci est de retour au pays pour l’enterrement de son frère. Mais lorsque Betty arrive, les vieux souvenirs et le traumatisme d'une lointaine soirée resurgissent…
Israël Horovitz adolescent, travaillait dans l'atelier de presse pour vieux papiers de son oncle. Quelques années plus tard, il utilise ce lieu qu'il connaît bien pour situer l'action du baiser de la veuve, une histoire imaginée de toute pièce.
Lorsque sa mère assiste à l'une des représentations, elle lui dit : " Je ne savais pas que tu étais au courant de cette histoire ?" Voyant que visiblement son fils ne comprend pas, elle lui explique que 25 ans plus tôt, une scène de viol similaire avait eu lieu dans l'atelier de son oncle.
Le baiser de la veuve traite d’un sujet malheureusement toujours d’actualité : le viol collectif, ou les « tournantes » comme on les appelle aujourd’hui. Un acte insoutenable, qui reste trop souvent enfoui dans les mémoires des victimes, mais aussi des coupables. Nous avons voulu, à travers la mise en scène, mettre l’accent sur le réalisme. Nous ne pouvions pas tricher ou prendre le parti de ne pas choquer par respect pour toutes celles et ceux victimes de violence physique ou morale. Dans cette histoire, le viol resurgit du passé. Betty veut retrouver son honneur et enfin comprendre : « pourquoi moi? pourquoi m’ont-ils choisie moi ? est-ce que par hasard, tout au fond de moi j’avais provoqué ça ? je souriais trop… j’étais trop gentille, j’avais l’air d’une fille facile ? »
George, l’instigateur, 13 ans auparavant, tente de réitérer l’expérience. Coupable ?… lui ?… non. « …tu te rappelles comment elle était, elle avait le feu au cul la petite Betty Palumbo ! T’avais une de ces langues, on va montrer à Boby ! »
Boby, s’effondre, déchiré par les remords et la honte. « Il fallait pas revenir… je te demande pardon… Moi j’en ai jamais reparlé… j’avais honte… ce qu’on a fait c’était pas bien… »
L’impact sur le public est étonnant ! Chacun se sent concerné, touché, sensibilisé. Vous n’avez pas été spectateur mais témoin d’une situation. Nous espérons faire partager au public le plaisir, l’émotion que nos trois comédiens éprouvent à jouer cette pièce bouleversante.
Guy Gravis
14 bis, rue Sainte Isaure 75018 Paris