Présentation
Note du dramaturge
Note du metteur en scène
Note de traduction
La presse
Une pièce si irlandaise qu'elle est devenue universelle. On sait qu'elle raconte comment un garçon, qui croit avoir tué son père d'un coup de bêche, est accueilli et fêté comme le Messie par un village entier, chéri par les femmes et célébré comme un nouveau poète, jusqu'à ce que le père, qui n'était pas mort, revienne pour la honte du fils. L'assassin s'évanouit mais le héros demeure, et il ira désormais avec son père conter ses histoires de par le monde. Christy Mahon le parricide : un peu Oedipe (mais il n'a pas tué son père), un peu Hamlet (mais le fantôme de son père est vivant), un peu le Christ (mais il ne sauve pas le monde).
François Regnault
La création de The Playboy of the western world de John Millington Synge (1871-1919), le 26 janvier 1907 à l'Abbey Theatre de Dublin est l'acte de naissance tumultueux de la littérature irlandaise moderne. Synge ouvre une brèche dans laquelle vont s'engouffrer des générations d'écrivains, de James Joyce à Samuel Beckett en passant par Sean O'Casey. Dès la première,
Le Baladin provoqua une terrible bataille digne de celle de Hernani. Chaque soir, des spectateurs fanatiques cherchèrent à empêcher la représentation d'un texte jugé diaboliquement immoral. Au-delà du contexte très puritain de l'époque, la violence des réactions suscitées par cette comédie sauvage est à la mesure de l'ambition affichée par Synge de faire entendre sur la scène une langue vivante, c'est à dire un théâtre qui, à l'instar des Grecs ou de Shakespeare, conjugue l'invention d'une parole poétique singulière avec l'appropriation passionnée de l'imagination populaire. Un théâtre archaïque et raffiné dont Le Baladin apparaît aujourd'hui comme le manifeste flamboyant.
Philippe Macasdar
Dramaturge
Le monde de Synge, peuplé de filles belles comme la lumière du bord de mer, de garçons rêveurs et raconteurs d'histoires à dormir debout, de pères fouettards au cur tendre, de poètes assoiffés et de légendes oubliées, qui sentent le whisky et le feu de tourbe, ce monde aux limites du monde, perdu entre océans et nuées, aux confins d'un ciel bleu et noir regardant la mer s'agiter de houle blanche, toute seule, insondable et secrète, ce monde-là ne ressemble-t-il pas au petit univers que chacun porte en soi, mythique et lumineux, à l'abri des coups de vent de la désespérance et des tempêtes de l'oubli ?
Il est là, bien au creux de nos curs et semble vaciller sous les coups assenés par la vie, mais il résiste et nous dit qu'au dehors, dans cet espace immense que nous ne parcourons jamais tout à fait, règne un sentiment de liberté, un parfum sauvage, et que c'est en ouvrant les yeux sur cet invisible au-delà que nous verrons en nous-mêmes.
Guy Pierre Couleau
Metteur en scène
J'ai essayé d'être fidèle à Synge sur trois points qui me paraissent essentiels : traduire une langue paysanne, une langue duelle, une langue travaillée en poème, ces trois caractéristiques étant complémentaires et inextricablement mêlées.
Le fait qu'il s'agisse d'une langue paysanne, concrète, tendue, rapide, régie par l'économie et à la fois par l'exubérance, m'a obligée à rester attentive au rythme et aux récurrences constantes de mots, s'ajoutant à un tissu métaphorique très dense et aux références à la poésie élisabéthaine faisaient de cette langue paysanne, non pas un charabia mais un instrument poétique. L'usage du gaélique dans l'anglais, accentuait encore l'efficacité des procédés employés par Synge grâce au décalage qu'il produisait à chaque instant. C'est, en résumé, ce décalage que j'ai cherché à transposer.
Françoise Morvan
Traductrice
" A mi-chemin du récit d'apprentissage et de la farce macabre, la pièce de Synge (1871 - 1909) est l'un des fleurons du théâtre irlandais. Alors qu'un grand nombre de metteurs en scène de fière réputation s'y sont cassé les dents, Guy-Pierre Couleau arrive, avec des moyens réduits, à en faire jaillir toute la substantifique et poétique moelle. " Télérama
" Le metteur en scène a su choisir des comédiens exceptionnels qui hantent le plateau avec évidence et discrétion en même temps, comme les figures de Synge qu'ils incarnent - dans la sobriété et la force de conviction. " La Revue du Théâtre
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