Monsieur Jourdain est « un bon bourgeois, assez ridicule, comme vous le voyez, dans toutes ses manières ».
Monsieur Jourdain voudrait une autre vie que la sienne.
Changer de maison, changer de statut social, changer de femme, apprendre, découvrir, expérimenter tout ce qu’il ne sait pas...
Être un autre que lui-même.
Monsieur Jourdain voudrait par-dessus tout, à la mi-temps de la vie, que les cartes ne soient pas définitivement distribuées, et qu’on puisse, toujours, tout recommencer…
Monsieur Jourdain est dépassé par ses désirs et ses frustrations…
Monsieur Jourdain ne voudrait pas mourir sans avoir tout vécu.
Bref, Monsieur Jourdain est le fidèle reflet d’une « middle-life crisis » carabinée !
Et comme toute crise, la sienne révèle les vérités cruelles d’un entourage prompt à profiter de sa faiblesse pour le dépouiller, et d’une famille incapable de s’adapter à son besoin de changement.
L’écriture de Molière, précise et rythmée, la valse des personnages et des situations folles, l’écho que trouvent en nous la vulnérabilité du héros, le désarroi ou la cruauté de son entourage... Que cela est drôle ! À moins que ce ne soit déchirant ?...
Oui, Le Bourgeois Gentilhomme est une grande pièce, un de ces tableaux universels du genre humain, qu’on retrouve sur le plateau avec une gourmandise toujours renouvelée.
Raphaëlle Saudinos
5 mai 2018
38, boulevard de Bonne Nouvelle 75010 Paris