Le directeur de théâtre
Les surprises de l'Enfer
Eur'Opéra
L'ouvrage
Composé au cours du mois de janvier 1786, " Der Shauspieldirektor " (K.486), est un petit ouvrage qui ne comprend que cinq numéros musicaux, mais fait partie de la grande période de Mozart, celle où il travaille notamment à ses " Noces de Figaro ". Dans la plus pure tradition du Singspiel (Mozart est alors considéré comme un compositeur germanique), cette " Comédie Musicale ", fut composée sur un livret du jeune directeur du Burg Theater: Gottlieb Stephanie (qui signera également celui de " L'Enlèvement au Sérail "), l'argument de départ ayant été donné par l'Empereur d'Autriche Joseph 11, lui-même, qui en avait fait la commande (on ne peut toutefois S'empêcher de rapprocher cet argument, de celui de " L'Imprésario in Angustie " de Cimarosa, écrit peu de temps auparavant).
L'ouvrage fut créé le 7 février 1786, dans l'Orangerie du Palais de Schönbrunn, au cours d'une fête donnée en l'honneur de la visite du Gouverneur Général des Pays Bas Autrichiens, et avec, entre autres, un ouvrage " Italien " du concurrent direct de Mozart : Saliéri. Souvent repris, cet ouvrage - " bénéficia " d'adaptations françaises nombreuses et variées, dont l'une, très libre, de Meilhac et Halévy, qui fit les beaux soirs des Bouffes Parisiens d'un autre Mozart, celui des Champs Elysées : Jacques Offenbach.
L'argument de l'adaptation présentée
Nouvellement promu Directeur Général du Théâtre Lyrique, Monsieur Scrupule se voit assailli par son assistant Monsieur Bourru qui se sent l'âme d'un chanteur lyrique, et par le riche banquier Angel, plus amateur de cantatrices, que d'opéra, pris entre la volonté de sa maîtresse " en titre ", la célèbre et, capricieuse Timbre d'Or, à revenir au théâtre, et, un malheur n'arrivant jamais seul, des exigences de sa jeune et impétueuse " nouvelle " maîtresse : Mademoiselle Voix d'Argent, dont le plus vif désir est de faire ses premiers pas sur les planches. Le métier de Directeur d'Opéra, comporte décidément beaucoup de vicissitudes ; et Monsieur Scrupule ira, décidément, s'établir à la campagne pour devenir fermier
Le livret
Sous la plume de Jean-Pierre Vaguer, nous voici transportés sur l'esplanade intermédiaire entre le Paradis et l'Enfer...
Mais que diable se passe-t-il donc aux Enfers ?
Mephisto, subitement, a des états d'âme, et des envies de félicité. Il veut sauver les pensionnaires dont il a la charge, sous l'oeil égrillard de son inséparable " éminence grise " : Bélial (rôle mimé rajouté). Chassez le naturel ... et voilà qu'il revient au galop. Ses chers damnés ne peuvent se passer de ses sataniques services.
Trouvera-t-il l'amour rédempteur en la personne d'une naïve et charmante Séraphine, venue en ce lieu devenu bien mal famé, cueillir un bouquet pour la bonne Sainte Fernande...
Rassurez-vous, Dieu le Père veille à ce que cette fa rce s'achève en bon ordre. Voulezvous une morale à cette histoire à l'abracadabrant : qu'à cela ne tienne, on vous l'expose dans le galop final : " Il faut toujours s'adonner, à ce pourquoi l'on est né ! oui !... n'est né!... "
L'ouvrage
Créé le 14 Janvier 1981, par l'Atelier Lyrique de Tourcoing, " Les Surprises de l'Enfer " est une Farce Musicale pleine d'humour, où la musique, apparemment facile d'Isabelle Aboulker, s'amuse à faire des clins d'yeux à Ravel, Kurt Weill, mais aussi Verdi, ou Bizet. C'est une véritable satyre des " diableries d'opéras ", d'une veine bouffe que n'aurait certes pas désavoué Chabrier, Offenbach ou Hervé...
L'ouvrage fut repris en 1989 par les élèves du C.N.S.M., dans une mise en scène de Nicole Broissin. Il est ici présenté, dans une nouvelle version " augmentée ".
La presse lors de sa création
" ... La musique galope, spontanée et vive, survole les styles, frise Ravel, Kurt Weill, Le Boeuf sur le Toit, Poulenc, et même Verdi et Bizet, sans jamais tomber dans le pastiche, avec une sorte de sève robuste et gaillarde qui l'apparenterait à la bouffonnerie de Chabrier plutôt que d'Offenbach ... " (Jacques Lonchampt - Le Monde 16/1/81)
" ... L'ensemble se déroule sur des rythmes de Java, de marches, de valses, et des refrains de style populaire. Isabelle Aboulker est aussi sûrement une fine connaisseuse de musiques de films, car certains passages des Surprises de l'Enfer fleurent bon leur Maurice Jaubert, ou leur Joseph Kosma, parfois mâtinés de Kurt Weill. En outre, cette élève de Maurice Duruflé, possède le don assez rare de l'élégance et de la finesse ... Il émane de sa partition, le parfum de subtile légèreté qui fit le succès d'Angélique de Jacques Ibert, de Véronique, de Messager, ou des Mamelles de Tirésias de Poulenc. Enfin, cette pochade cultive magnifiquement le sens de la parodie musicale ... " (Olivier - Libération 20/l/81)
" ... Si elle possède une véritable verve bouffe d'Offenbach ou du Poulenc des Mamelles de Tirésias, Isabelle Aboulker prône aussi, l'agréable retour à la mélodie continue. Ses personnages s'expriment à l'envie, sur des airs de marche, de tango, ou de valse (Olivier - Opéra International Mars 1981)
Jusque dans les années 60, les directeurs des Théâtres Nationaux et Municipaux, assistaient aux concours des conservatoires et, bien souvent proposaient aux jeunes chanteurs de débuter dans leurs théâtres, dans des seconds plans, et progressivement des premiers plans ; ou bien les engageaient en saisons. Pour les Théâtres Nationaux, leurs directeurs artistiques d'alors, pouvaient offrir un engagement de trois ans, en tant qu'élève-artiste.
Dans un cas, comme dans l'autre, leur apprentissage final, se faisait progressivement en scène, incorporés dans des équipes de chanteurs chevronnés. Le passage du témoin se faisait harmonieusement, et la relève était assurée.
A la dissolution de la R.T.L.M.F, tout a basculé, et peu à peu, les directeurs de Province, ont suivi cette politique Parisienne. Depuis un certain temps, des stages, ateliers, ou concours, sont organisés, mais ils ne peuvent, en aucun cas remplacer l'apprentissage sur scène et il manque toujours un maillon à la chaîne, celui de l'insertion professionnelle.
Voici un an, le ténor Maurice Maïevsky, qui depuis déjà de nombreuses années s'est également tourné vers le professorat, prît l'initiative de créer une association artistique qui pourrait tenter de palier à ce manque: Eur'Opera.
Son but principal est donc la création d'une infrastructure favorisant l'insertion professionnelle de jeunes artistes lyriques, que ce soit par le truchement de la formation-emploi, le soutien, ou l'organisation de représentations théâtrales.
Eur'Opera s'est également donné pour but, de promouvoir le théâtre musical et lyrique sous toutes ses formes, et de favoriser également la création, en ce domaine, en offrant son infrastructure aux compositeurs et auteurs contemporains
Le Théâtre du Tambour Royal présentera à. partir du Y Juin, sa première réalisation qu'il veut être une vitrine, par la présentation d'un ouvrage classique : " Le Directeur de Théâtre " de Mozart, et d'un ouvrage contemporain : " Les Surprises de l'Enfer " d'Isabelle Aboulker; avec pour dénominateur commun, un esprit bouffe apte à plaire au plus large public.
94, rue du Faubourg du Temple 75011 Paris