La mise en scène
Le projet (ses dates)
Avec le Mariage de Figaro de Beaumarchais., il s'agit d'abord de continuer et d'approfondir le travail de la compagnie en direction des lycéens et des étudiants, commencé avec Huis Clos, puis réitéré avec Le Songe d'une Nuit d'Été et Les Mouches.
Après Huis Clos, et avec Les Mouches, SARTRE arpentait une grande question philosophique, celle de la liberté.
Ce thème, nous avons crû encore le retrouver dans Le Mariage de Figaro, mais historisé au coeur de la problématique des rapports entre les valets et leurs maîtres, mais ouverte aussi à celle des femmes s'opposant au machisme des hommes, ou encore à la liberté d'un monde qui meurt contre celle, fantasque, irrévérencieuse et tellement nouvelle, d'un monde en train de naître, à l'aube de la Révolution Française. Le tout avec le style, le brio, la fougue et l'esprit de Beaumarchais, qui puisant dans des formes passées et classiques, invente, avec le génie qui lui est propre, un genre unique et nouveau, une sorte de comédie sociale.
La truculence se mèle au dramatique, pour frôler le sordide et mieux finir en chanson ou en musique, et tout cela à un rythme qui ne cesse de s'accélérer. Car le mouvement est irréversible : la noblesse se meurt et le petit peuple sera vainqueur parce qu'en lui est l'espérance et la vraie liberté, celle qui aime, qui créé et qui invente. Malgré sa savante construction, il y a quelque chose de brouillon dans Le Mariage..., une énergie phénoménale qui ne demande qu'à être libérée, celle sans doute propre à un état d'entre deux mondes.
Tout ceci nous fait penser alors à la verve, la jeunesse, et ce sérieux grotesque qu'on trouve chez un Kusturica. Voilà de quoi , s'il en avait besoin, rapprocher le XVIIIème siècle agonisant de Beaumarchais de notre XXème siècle finissant - à moins qu'il ne le soit déjà, fini...
Après Sartre, Goldoni et Shakespeare, L'Exercice Théâtre aborde aujourd'hui un nouvel auteur classique en la personne de Beaumarchais. Avec lui comme avec les autres, l'ambition demeure la même : rapprocher de nous un auteur que l'on croit appartenir au passé, faire résonner sa langue et sa verve d'une musique nouvelle, faire surgir notre 20ème siècle finissant du coeur d'un texte vieux de 200 ans, et ainsi permettre au public d'aujourd'hui de redécouvrir avec passion un théâtre que l'on enferme dans les manuels scolaires.
Bref, comme le dit l'adage, faire du neuf avec de l'ancien (et que le neuf tire des leçons de l'ancien...)
C'est dans le même esprit que nous avions monté Huis Clos et Les Mouches de Sartre, et c'est en partie avec la même équipe que pour Les Mouches que nous monterons ce Mariage de Figaro de Beaumarchais, bien qu'il s'agisse d'une comédie. Et quelle comédie ! Un feu d'artifice d'actions et de quiproquos, une intrigue bouillonnante, bruissante et complexe, mais au delà, comme Les Mouches, un formidable appel à la liberté, non pas une liberté existencielle comme chez Sartre, mais une liberté concrète à conquérir, contre l'ancien régime,et pour un monde nouveau.
N'oublions pas en effet que le choix de cette pièce nous a été suggéré par le thème du bac de français 2000, "une comédie du XVIIIème siècle envisagé selon les rapports entre maitres et valets"; chez Beaumarchais, le rapport semble s'inverser. L'auteur lui-même pense encore que ce qu'il suggère est une "folie", mais la révolution lui donnera tort, ou raison, c'est selon.
Reste que son texte et ses thèmes demeurent étonnament d'actualité, et qu'au delà du public lycéen, déjà fréquenté avec Sartre, c'est là encore le grand public que nous souhaitons toucher.
Ainsi Le Mariage de Figaro de Beaumarchais sera t-il la seule création 2000 de l'Exercice Théâtre, nouvelle aventure qui démarrera les 17 et 18 février au Theâtre Municipal du Puy, pour se poursuivre du 20 février au 3 avril au Théâtre Hébertot, puis en tournée scolaire un peu partout en France (Châteauroux, Villeurbanne, Le Mans, Rennes, Avignon, etc), et s'achever en Brenne et sur les routes du sud de l'Auvergne, en plein air, durant l'été 2000.
Pour cette tournée d'été, l'ambition de la compagnie est que ce soit, pour une fois, le théâtre qui aille vers le public et non l'inverse. C'est pourquoi, les représentations seront gratuites si possibles, le public étant invité, à la fin du spectacle, à une libre participation financière, fonction de son plaisir et de sa satisfaction. Par contre, nous comptons sur une implication forte et décisive de la part des Régions, des départements, et des communes (plus technique et logistique que financière dans ce dernier cas).
78 bis, boulevard des Batignolles 75017 Paris