Le pain dur

Pourquoi le Pain dur ? Peut-être parce que la pièce, bien que située en 1842, peut résonner profondément aujourd'hui. De quoi parle-t-elle ? Claudel a répondu "de la rupture des frontières et du mélange de races". Elle raconte aussi l'argent-roi, la maladie de la possession, la perte des convictions, des idéaux, le repli individualiste et l'accélération brutale de l'Histoire qui engloutit les consciences et rend fou les hommes. Toutes choses qu'à travers d'autres modalités, nous subissons de plein fouet aujourd'hui et qui nous laissent rageurs mais souvent impuissants.

Vous serez à l'intérieur de cette ancienne bibliothèque - salon désaffecté, que décrit Claudel comme le lieu du drame. Dans une très grande proximité d'avec les cinq personnages qui se déchirent à la vie, à la mort. Comme "chez-eux " . Espace presque vide. Peu de signes. Ni reconstitution, ni actualisation. Avant tout le corps de l'acteur pour raconter la violence du combat et pour faire résonner la puissance de la langue. Il s'agit d'un drame familial. De l'impossibilité de pardonner, de conflits entre les générations, du refus de la transmission, de la peur de la vieillesse et de la mort, de la solitude ; des trajectoires de vies empêchées, bloquées, en attente d'une libération qui ne vient jamais, si ce n'est peut-être dans la mort. Dans Le pain dur - et en cela la pièce tient une place très particulière dans l'œuvre de Claudel - Dieu est absent.