Après des années d'absence silencieuse à peine entrecoupées de cartes postales elliptiques envoyées depuis la capitale, Louis décide soudain de retourner dans sa ville natale, aux confins d'une lointaine province française, de retrouver les siens et leur annoncer lui-même qu'il va bientôt mourir. Longue Date, l'ami de toujours, l'accompagne, comme il l'a toujours fait. Ils sont reçus par la Mère, la sœur Suzanne (qui se partagent la maison familiale), le frère Antoine et son épouse, Catherine (qui habitent un petit lotissement, non loin de là). Les retrouvailles sont émues et maladroites, cela fait si longtemps ! Doit-on s'embrasser ? On ne sait trop par quoi commencer, tout sonne un peu faux, le voyage a-t-il été agréable ? Pourquoi Antoine ne dit-il rien ?
Jean-Luc Lagarce, l'auteur de ce récit dont l'autobiographie est à peine voilée, est mort en 1995 du sida. En tant que metteur en scène il avait présenté avec son théâtre de la Roulotte au Cratère, " La Cantatrice Chauve " et " Le malade imaginaire " . Aujourd'hui, est-ce une fatalité du théâtre français ? Son œuvre se découvre comme essentielle dans l'écriture théâtrale contemporaine. Il pose en filigrane les ultimes questions d'un homme encore jeune, face à la mort prochaine. Alors quoi : nostalgie des origines ou simple retour aux sources ? Ne serait-ce pas plutôt, juste avant l'heure fatale, un besoin secret mais pressant de se faire pardonner ?... Pardonner d'être parti sans coup férir, de les avoir abandonnés, tous, là, sans explication, à leur petite vie médiocre dans cette province oubliée, alors que lui, là-bas, dans la capitale…
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