De bifurcations en bifurcations, Christian Rizzo est venu à la danse après avoir fondé un groupe de rock, créé une marque de vêtements, puis suivi une formation en arts plastiques. D’autres auraient pu se perdre en route, pas lui. Depuis la fin des années 1990, il chorégraphie solos, pièces de groupe et autres « objets dansants », où il arrive qu’une certaine beauté contemplative le dispute à une énergie mâtinée de rock.
Au menu de sa prochaine création, le syndrome ian : la fièvre des nuits dans les clubs, en écho à la voix électrique (et épileptique) de Ian Curtis, le chanteur du groupe post-punk et cold wave Joy Division. Christian Rizzo poursuit ici, dans la veine de ses dernières pièces – d’après une histoire vraie, imprégnée de la vigueur du folklore, et le duo ad noctum, appuyé sur certains motifs de danse de couple –, l’exploration d’un espace où le mouvement et sa relation à la musique se jouent des catégories « populaires » et « contemporaines ». Pour le syndrome ian, le point de départ est le souvenir, resté vivace, d’une première « sortie en boîte » à quatorze ans, en pleine effervescence londonienne.
Pas question, aujourd’hui, de reconstituer stricto sensu ce moment fondateur et de transposer sur scène l’ambiance unique du clubbing d’alors, quand se mêlaient encore disco et post-punk, mais plutôt de faire rejaillir au présent le sens du groove, et de transmettre sa contagion collective dans une écriture acérée.
Jean-Marc Adolphe
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