Le tour d’écrou

du 10 au 13 décembre 2003

Le tour d’écrou

Version en langue originale, sur-titrée. Sous la garde de leur gouvernante, deux enfants sont corrompus par les fantômes de deux serviteurs. Et si les fantômes n’existaient que dans le fantasme de la gouvernante ?… Une histoire empreinte de mystère sur l’une des plus belles compositions musicales de Benjamin Britten.

Version en anglais, sur-titrée.

Présentation
Un cauchemar ? Peut-être la banale réalité !

Notice

Découpage

La presse

Sous la garde de leur gouvernante, deux enfants sont corrompus par les fantômes de deux serviteurs. Et si les fantômes n’existaient que dans le fantasme de la gouvernante ?… Une histoire empreinte de mystère sur l’une des plus belles compositions musicales de Benjamin Britten.

A partir de l’œuvre étrange et insaisissable d’Henry James, Benjamin Britten, génial compositeur trop absent des répertoires, a imaginé une mosaïque musicale de seize tableaux et quinze interludes orchestraux.

Pari(s) d’opéra : un événement

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Des enfants se heurtent à des surfaces froides et lisses, sensation permanente : le contact glacé.
La réalité est dure comme du verre, il n’y a pas de matières chaudes, ni tissus, ni bois, pas de matière qui pourrisse, pas de refuge, pas de retour : un labyrinthe où les corps sont sans cesse confrontés à leur reflet, reflet d’un avenir qui se trouble à la découverte de sensations nouvelles.
Le reflet se transforme, la perception est faussée, les fantômes deviennent réels, trop charnels, trop puissants face à la fragilité de corps éphémères.
Les enfants voient, ils n’ont pas peur ; ils sont troublés.

La gouvernante a peur, elle a toujours fermé les yeux préférant l’obscurité apaisante du refus à la lumière crue du désir.
Les enfants lui ouvrent les yeux, l’obligent à regarder, elle voit des jouets cassés ; elle voit l’innocence brisée.
Un cauchemar ? Peut-être une cérémonie. Un rituel implacable. « The ceremony of innocence is drowned »

Eric Perez, metteur en scène

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Créé le 14 septembre 1954, au Teatro La Fenice, lors de la Biennale de Venise, Le Tour d’écrou continue la lignée des opéras de chambre que Britten avait inaugurée avec Le viol de Lucrèce (1946) et Albert Herring (1947).

Pour Le Tour d'écrou, l'inspirateur de Myfanwy Piper la librettiste et de Benjamin Britten sera Henry James, le génial précurseur de Proust, de James Joyce, d'Arthur Schnitzler et de Freud. L’une des forces de cet opéra est qu’il peut supporter deux interprétations divergentes de l’histoire d’Henry James.

L’une accepte le récit de la gouvernante selon laquelle les enfants sont corrompus par les fantômes des deux serviteurs (Quint et Miss Jessel) et le récit se comprend alors comme une lutte entre le bien et le mal.

L’autre indique que les fantômes ne sont qu’un fantasme existant uniquement dans l’esprit refoulé de la gouvernante. Henry James était conscient de l’ambiguïté de l’histoire et parlait d’elle comme « d’un piège pour les imprudents ».

La prison des âmes, par-delà la mort, pour deux enfants envoûtés par des spectres, qui ne sont que la projection, sur le miroir du monde et celui du lac mystérieux qui borde leur château hanté, des nœuds affreux qui les étouffent, qu'une femme tentera de défaire, mais où elle sera prise, à son tour.

Enfin c’est le portrait de la corruption de l’innocence, thème qui revient souvent chez Britten, qui a suggéré l’œuvre au compositeur qui semble avoir fait ce choix pour accentuer la subtilité musicale au delà des indications scéniques de la partition vocale qui affirment la réalité des fantômes.

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L’opéra comprend deux actes symétriques divisés chacun en huit brefs tableaux reliés les uns aux autres par des interludes orchestraux. Britten unifie ces derniers en leur donnant la forme d’un thème (le prélude de l’Acte un, premier tableau) assorti de quinze variations (Ces quinze interludes séparant les tableaux des deux actes). L’opéra tout entier est donc contenu dans cette immense série de variations orchestrales dont le thème (la « vis ») détermine également la nature de l’invention musicale des « interludes » vocaux (c’est-à-dire des tableaux de l’opéra).

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« The turn of the Screw le 8 mars 2003, au Grand Théâtre de Dijon »
On ne saura jamais assez gré à Olivier Desbordes de sortir l’établissement d’une tradition lyrique quelque peu poussiéreuse où seuls Verdi, Puccini et Mozart avaient les honneurs de figurer régulièrement à l’affiche. Réalisée en partenariat avec « Mosaïques », cette nouvelle production du Tour d’écrou marque son entrée (si ce n’est celle de la première œuvre de Britten) au répertoire du duo/dijon. Un scandale quand on sait la valeur du compositeur britannique, quand on connaît la facilité relative avec laquelle ses ouvrages de chambre peuvent être montés et enfin quand on réalise combien ces ouvrages parlent immédiatement au spectateur contemporain ! Pourtant, en regard de la faible affluence du public, force est de constater qu’un travail colossal reste encore à effectuer pour le sensibiliser à une musique qui, manifestement, fait encore peur.

Le grand théâtre a donné l’occasion à l'ancien chanteur Eric Perez de signer sa première mise en scène. Coup d’essai et coup de maître que cette réalisation, plastiquement très belle et suffisamment intellectuelle pour éviter tout hédonisme esthétique. Le metteur en scène et son décorateur jouent la carte de l’abstraction : une série de cloisons amovibles de chaque côté de la scène, blanches, noires ou couvertes de miroirs changent de position pendant les interludes pour caractériser chacun des tableaux. Un parallélépipède noirâtre et brillant, un plan incliné au fond de la scène suggèrent tantôt la scène du piano, tantôt le lac, tantôt le bureau…

Eric Perez n’en oublie pas pour autant de diriger ses acteurs avec une précision clinique. La rédaction de la lettre devient une prière, soulignant ainsi tout ce que cette page a de lyrique ; Miles, clairement corrompu par Quint, se change en homme au fil de la représentation parce qu’il doit assumer les pressions du fantôme et celles de la gouvernante. Sa sœur quittera la dernière scène encore habillée comme une enfant, car secourable… bien que terriblement perverse et prête à tout pour endormir la vigilance de son entourage. Mais la grande force du spectacle est que le scénographe ménage l’ambiguïté en dressant de la gouvernante le portrait d’une femme qui se laisse progressivement gagner par ses fantasmes. Sage en début de représentation, elle finit par nettoyer frénétiquement un bureau désespérément vierge. Les deux interprétations tant voulues par Britten sont alors crédibles… au spectateur de choisir !

Pourquoi se plaindre alors si les chanteurs ne respectent pas tous la vocalité des rôles ? À commencer par la Gouvernante de Laurence Misonne qui atteint ici ses limites. Le rôle requiert non un soprano lyrique léger mais une voix plus dramatique. Reste que son interprétation, surprenante, de femme-enfant souligne à la perfection la vulnérabilité d’un personnage à l’équilibre psychologique fragile (telle Catherine Deneuve dans le Répulsion de Roman Polanski). Claire Larcher, dont la voix sonore au vibrato serré a tendance à couvrir sa partenaire, ne démérite pas non plus et sert bien l’image d’une femme au bon sens terrien, loin des préoccupations mystiques de la gouvernante. Aux deux fantômes d’Hugo Mallet (Peter Quint à la voix curieusement proche de celle de Pears) et Natalia Cadet (Miss Jessel aux allures flapies de femme terrifiante répondent deux enfants jouant à cache-cache et parfaitement à l’aise dans une tessiture souvent éprouvante.

Enfin, le travail effectué par les solistes de l’orchestre Chalon-Bourgogne en faveur de la musique contemporaine trouve ici son aboutissement et les musiciens prouvent, s’il en était encore besoin, l’efficacité dramatique implacable d’une partition défendue avec ardeur par Philippe Cambreling.

Olivier Beau, Opéra International

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Spectacle terminé depuis le samedi 13 décembre 2003

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