Quand il rédige cette pièce, Büchner est depuis longtemps contraint à l’exil, lui qui participait aux mouvements révolutionnaires de son époque. Ayant risqué l’emprisonnement et la condamnation à mort, c’est peut-être en signe d’apaisement qu’il rédige cette comédie inoffensive : où trouver dans cette histoire le moindre signe de contestation ?
Un jeune prince s’enfuit pour échapper au mariage que son père lui impose, mais ô coïncidence, il rencontre dans une auberge une jeune femme dont il tombe amoureux et qui n’est autre que sa promise. La volonté du roi va s’accomplir comme il se doit ! Sous cette trame comique si limpide, se dessinent pourtant toutes les aspirations, toutes les révoltes et les désillusions que Büchner passe sous silence pour s’en tenir à la censure. Et de partout affleurent non seulement ses visions politiques et sociales, mais les milles rêves de théâtre, les mille rêves scéniques qui font la véritable chair de ce texte.
Du conte à la luxure, du tragique au grotesque, du sadique à l’onirique, il nous invite sous le manteau des conventions à une longue errance théâtrale qui témoigne dans le même temps de son enfermement et de son aspiration à un ailleurs. Quel théâtre imaginer, quel théâtre proposer pour nourrir en secret le goût de la révolte ? Endosser pour cela le masque de la convention, c’est peut-être dénoncer en profondeur l’ordre social et politique que certaines formes théâtrales cautionnent sans le dire.
« Ce « Léonce et Léna » est un spectacle dense et réjouissant. Du bel ouvrage à aller applaudir. » Marie Plantin, Pariscope
« Cette pièce est un magnifique rêve dans les tréfonds de l’âme humaine. Un chef d’oeuvre à ne pas manquer ! » Ruben Moutot, Toute la culture
Büchner reprend dans ce texte de nombreuses références littéraires, de la Bible à Shakespeare, des romantiques aux idéalistes, de la comédie classique au conte populaire... et nous invite nous-mêmes - metteur en scène, musiciens, comédiens - à naviguer au sein de formes théâtrales extrêmement diverses. On pourrait être dans une farce burlesque, puis dans un drame poétique, puis dans une comédie potache, puis dans un conte pour adultes...
Conjointement au texte, nous avons amené de la musique classique et contemporaine, des chansons d’Anna Prucnal, des chansons résistantes, des moments de danse classique, accompagnés d’une guitare électrique, d’un piano, d’une flûte traversière... Tout cela pour continuer de le suivre dans ses propositions et dans ses rêves de théâtre, pour accentuer encore les contrastes et les cassures. Pour donner concrètement le sentiment d’une forme instable, qui glisse incessamment vers de nouveaux possibles. Cette soirée fonctionne alors comme un jeu sans butée, en espérant que vienne en chemin le goût de la recherche, du paradoxe, de la tentative, de l’invention.
16, rue Georgette Agutte 75018 Paris