Les 3 Jeanne - Les jeunes peut-être, mais pas les vieilles tout d'même

• Trois nanas complètement déjantées

Ah, les Jeanne ! Ça commence en 76 aux Blancs Manteaux avec trois nanas complètement déjantées qui viennent laver le linge de leur Jules en public.
Mais où il est le Jules ? On n’en sait rien, mais on en parle tout le temps. Problème : il est invivable. Il ne fout rien. Il se fout de tout. Il baise comme un lapin. Il parle mal des femmes. Etc…

Mais quand il n’est pas là, quel drame ! Que de larmes ! Personne n’avait parlé comme ça avant les Jeanne ! Personnen’avait ouvert la lourde porte du non-dit conjugal et du machisme ordinaire. Personne n’avait évoqué l’endurance forcenée des femmes dans la recherche du bonheur.

Un succès fou ! Qui a duré des années ! Jusqu’en Afrique ! Et qui a été repris ce siècle. On croit que ça a changé ? Balivernes ! La chose qui change, c’est nous, c’est vous. Parce que le temps passe. Et pour tout le monde !

Pour Eliane Boéri, vieillir, c’est LE sujet qu’il faut traiter, LE sujet tabou, qui fâche, donc qui fait rire.

Avec Dominique Cozette, qu’elle connaît depuis…depuis quand déjà ? elles listent tout ce qui fera la texture du spectacle, de la ménopause aux obsèques. Et il y a à dire, entre le jeunisme forcené de notre époque, les trous de mémoire, les grand-mères porteuses, la décrépitude de la planète, le blues des jeunes, les papy-boomers triomphants, la chirurgie dévastatrice, les sexygénaires sur Internet et …les hommes. Les hommes ? Avec des femmes qui vieillissent ?

Oui, car derrière une Jeanne il y a un toujours un homme. Là ou pas là, pesant ou fantasmé, déplumé ou cynique, désiré ou rejeté, critiqué ou magnifié. Le problème reste donc entier : comment vivre avec un homme quand on vieillit ? Réponse(s) dans ce nouveau spectacle des 3 Jeanne, « les jeunes peut-être mais pas les vieilles tout’même ». Eliane Boéri, Marthe-Hélène Raulin et Ariane Dubillard, nous régalent avec toute la verve de leur éclatante maturité mise en scène par Tilly.

Dominique Cozette

• Les 3 nouvelles Jeanne

Il y a vingt ans, j’écrivais et mettais en scène La Maison des Jeanne et de la Culture. Une aventure qui a beaucoup compté pour moi et qui reste aujourd’hui chère à mon coeur.

Trois belles rencontres, Eliane, Martine, Milly. Nous nous sommes beaucoup amusés, le public aussi. Et puis Martine, si jeune, est partie pour toujours, suivie quelques années plus tard par Milly. Injustice de la vie. Chagrin, révolte.

Finies les Jeanne ? C’est méconnaître Eliane. Depuis trois ans, elle a formé une autre équipe et les Jeanne ont repris la route avec leurs deux premiers spectacles qui les avaient fait connaître, trente années auparavant.

Le public une fois de plus est au rendez-vous. Très souvent on leur demande, « A quand un nouveau spectacle ? On a changé de siècle. » Nouveau déclic chez Eliane. Nouvelle rencontre. Dominique Cozette qui leur écrit un spectacle sur mesure, « Les jeunes peut-être, mais pas les vieilles tout de même ». Dominique, avec la complicité d’Eliane, a réussi à prolonger l’esprit drôle et corrosif des Jeanne des années 80 et à le transposer aujourd’hui.

Nous sommes en 2006, les Jeanne approchent à petits pas de la soixantaine. L’horreur ? Pas du tout. Qui a dit qu’on était vieille à soixante balais ? Tout y passe dans ce spectacle, le triomphe du jeunisme, la mise au rencard précipité des femmes la cinquantaine à peine abordée, le remodelage du corps et du visage sous toutes ses coutures, la libido chahutée, les animaux de compagnie, la solitude, la maladie d’Alzheimer, le Web, le Viagra, les hommes, la sexualité.

Tout cela est abordé avec intelligence et drôlerie et c’est ce qui m’a séduit. J’ai tout de suite accepté de mettre en scène ce spectacle et dès la première lecture faite par les trois comédiennes, j’ai su que je ne me trompais pas. Ce sera un spectacle très drôle, complètement déjanté et qui se déroulera dans un rythme d’enfer.

Tilly

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