Les Bouffes de Bru Zane - Les deux aveugles / Le compositeur toqué

Paris 8e
du 19 au 20 janvier 2019

Les Bouffes de Bru Zane - Les deux aveugles / Le compositeur toqué

Hervé et Offenbach, passés maîtres dans l'art de détourner les interdits, surent faire beaucoup avec peu en laissant imaginer ce qu'ils ne pouvaient montrer, pour cause d’interdictions ministérielles. Deux ténors sur scène, simplement accompagnés d'un piano, interprètent tour à tour Fignolet et son domestique Séraphin, puis les mendiants Patachon et Giraffier.
  • Une lecture drôlissime

Hervé et Offenbach – passés maîtres dans l'art de détourner les interdits – surent faire beaucoup avec peu en laissant imaginer ce qu'ils ne pouvaient montrer, pour cause d’interdictions ministérielles. Deux ténors sur scène, simplement accompagnés d'un piano, interprètent tour à tour Fignolet – le compositeur toqué en personne – et son domestique Séraphin, puis les mendiants Patachon (« Haveugle de nessance ») et Giraffier (« Aveugue par axidans ») qui se disputent la meilleure place sur un pont.

Dans un espace de jeu aussi minimaliste qu’efficace, Lola Kirchner offre une lecture drôlissime mais toujours respectueuse de ces ouvrages au comique surréaliste, comptant également sur le talent théâtral de deux ténors visiblement toqués… d’Offenbach et d’Hervé ! Et tout cela dans le théâtre d’Offenbach lui-même.

  • Les Deux Aveugles

Bouffonnerie musicale en un acte, musique de Jacques Offenbach sur un livret de Jules Moinaux.

En décrivant la lutte féroce qui oppose deux faux aveugles sur un pont de Paris pour obtenir l’aumône des passants, Jacques Offenbach brosse – à l’aide d’un livret de Jules Moinaux (1815-1895) – le public bourgeois du Second Empire dans le sens du poil. Dans un Paris qui aspire à la modernité urbaine, quelques années avant les premiers coups de pioche du baron Haussmann, la mendicité musicale est vécue comme une plaie à combattre. C’est avec cette « bouffonnerie musicale en un acte » qu’Offenbach inaugure son théâtre des Bouffes-Parisiens (alors situé sur les Champs-Élysées) le 5 juillet 1855. Le succès est immédiat et durable.

Le tromboniste Patachon et le guitariste Giraffier y disposent de quatre numéros pour séduire le public. La romance qui offre à Patachon l’occasion de se présenter permet à Offenbach de tester le procédé de la phrase coupée au bien mauvais endroit (« L’aveugle à qui qu’on fait l’aumône / N’est point z-un faux nécessiteux, / N’est point z-un faux né… / Un faux né / Un faux nécessiteux »). Le duo suivant oppose et superpose les complaintes des deux mendiants. Pour le troisième numéro, les deux ennemis entonnent un même boléro apporté de Séville (« Lesquelles villes ? – Séville, quoi !... en Turquie »). Il s’agit du morceau qui fera, sous forme de pièce détachée, la renommée de l'oeuvre à l’extérieur du théâtre. Le dernier passage est une parodie de Robert le Diable de Meyerbeer (créé à l’Opéra de Paris en 1831) : le finale de l’acte I y est explicitement cité (« Ô fortune ! à ton caprice ») avant que les deux personnages ne reprennent leur boléro pour se disputer l’aumône d’un nouveau passant.

  • Le Compositeur toqué

Bouffonnerie musicale en un acte, paroles et musique d’Hervé.

« C’est au Compositeur toqué bien plus qu’à Don Quichotte et Sancho Pança [la première pièce d’Hervé, créée en 1847], qu’il faut faire remonter la première manifestation de l’opérette. » (Francisque Sarcey, 1881). Si le débat (un peu vain) attribuant la paternité de l’opérette à Hervé reste ouvert, Le Compositeur toqué est une oeuvre cruciale à la fois pour son créateur et pour le genre alors en gestation. Écrite, composée et interprétée par Hervé, cette « bouffonnerie musicale en un acte » est donnée en avril 1854 dans le théâtre qu’Hervé dirige depuis quelques mois : les Folies-Concertantes. Si le titre de l’oeuvre devient rapidement le surnom officiel du compositeur-interprète, le « toqué » est moins un autoportrait qu’une parodie des musiciens romantiques ayant la folie des grandeurs. Difficile, ainsi, de ne pas penser à Hector Berlioz ou Félicien David quand Fignolet nous présente sa symphonie La Prise de Gigomar par les Intrus « en mi grand dièse » et avec « nonante-neuf pétards à la clé ». Secondé par son domestique Séraphin, Fignolet expose sa composition au long des six numéros de l’opérette en la ponctuant à grands coups de jeux de mots, calembours et leçons d’accentuation de la langue. Le Compositeur toqué connaît un succès immédiat, attesté par sa reprise dès le mois de décembre 1854, mais l’emprisonnement d’Hervé en 1856 pour une affaire de moeurs en suspend la diffusion. Quand le compositeur revient sur le devant de la scène, à la fin des années 1860, l’heure n’est plus à la reprise : ce sont alors des opérettes de plus grande ampleur qui ont la faveur du public.

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Spectacle terminé depuis le dimanche 20 janvier 2019

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