Dans Les Femmes savantes le discours féministe est ridiculisé par le style volontairement caricatural de Molière. La mise en scène et la direction d’acteurs s’attacheront néanmoins à mettre en relief les relations ambigües entre les personnages. Des relations beaucoup moins manichéennes que le laisserait supposer une lecture superficielle de la pièce.
Ces Femmes savantes n’ont-elles pas quelques bonnes raisons de pencher vers leur positionnement extrême ? Ainsi, la personnalité de Chrysale excuse peut être la fuite de son épouse vers des réjouissances spirituelles, les propos et comportements d’Henriette et de Clitandre vis à vis d’Armande ne sont pas toujours très clairs...
Dans Les Femmes savantes, ce n’est pas la quête du savoir qui rend les femmes ridicules mais la négation du désir charnel qu’il y a en chaque être. Pour faire écho à Clitandre, on peut avoir " un corps tout comme une âme " . C’est parce qu’elle n’ont pas compris cela que Philaminte et ses disciples sont ridicules. Molière faisait traditionnellement jouer les rôles de femmes mûres par un homme. Au delà de son aspect comique très payant (si l’interprétation reste bien entendu très sincère), le travestissement permet d’appuyer mon propos concernant les travers masculins du personnage de Philaminte.
Concernant la scénographie, pour créer un univers culturel au féminin, j’ai demandé à Matzneva (Femme peintre de son état), de reproduire en taille réelle sur des panneaux de bois " une interprétation " des neuf muses d’Eustache Lesueur, peintre majeur du 17è siècle. C’est au coeur de ce labyrinthe des arts que nos protagonistes se perdent dans leurs pensées savantes.
Jean-Philippe Daguerre
Spectacle en vers et en cinq actes.
38, rue des Mathurins 75008 Paris