PHILAMINTE - « Car enfin je me sens d’un étrange dépit
Du tort que l’on nous fait du côté de l’esprit,
Et je veux nous venger toutes autant que nous sommes,
De cette indigne classe où nous rangent les hommes,
De borner nos talents à des futilités,
Et nous fermer la porte aux sublimes clartés.»
Dans la maison de Chrysale, grand bourgeois parisien, les femmes ont pris le pouvoir. Sa femme, sa sœur, sa fille ainée sont folles de philosophie, de science, de poésie. Elles veulent se libérer du rôle que les hommes leur ont assigné : faire des enfants, s’occuper du ménage pour se consacrer entièrement à leur passion, le savoir. L’ordre familial est bouleversé. Ce sont des proies faciles pour Trissotin, leur maître à penser, escroc intellectuel cynique et profiteur, dont le but est d’épouser Henriette, la fille cadette, qui n’a aucun goût pour les choses de l’esprit et aime Clitandre. Quand la servante Martine, est renvoyée parce qu’elle fait des fautes de grammaire, le conflit éclate. Les hommes vont retrouver leur autorité en démasquant Trissotin.
« Plus que l’injuste satire de femmes éprises de plaisirs intellectuels, c’est la montée en puissance du verbe comme arme sociale et politique que font rayonner les acteurs au jeu clair et piquant. De Camille Grandville à Florent Guyot, de François Lequesne à Catherine Morlot, ils font danser, swinguer le texte. » Fabienne Pascaud, Télérama
« Tout est limpide dans la mise en scène d’Elisabeth Chailloux. C’est sa grande force (…). La mise en scène regorge de petites trouvailles pétillantes. » Stéphane Capron, Sceneweb
« Elisabeth Chailloux signe une mise en scène des Femmes savantes allégée, comme qui dirait aérienne. La directrice (avec Adel Hakim) du CDN Théâtre des Quartiers d’Ivry a délibérement choisi l’épure et la simplicité. » Gérald Rossi, L'Humanité
Pièce féministe ? Pièce réactionnaire ?
Molière, homme du XVIIème siècle, aborde dans son œuvre la question de l’éducation des femmes, qui ébranle la famille et la société. Dans Les Femmes savantes, ce n’est pas le droit à l’instruction des femmes qu’il assassine mais le pédantisme, l’hypocrisie, le snobisme et surtout l’imposture. Car Trissotin est un imposteur, un escroc intellectuel, imposteur comme Tartuffe le faux dévot...
Dans cette comédie pure et dure, écrite dans la plus belle des langues, les « intellos », hommes et femmes en prennent pour leur grade. Mais aussi le discours passéiste des hommes, leur « dictionnaire des idées reçues ».
Et la comédie a pour sujet la langue elle-même. Comment doit-on parler ? Comment doit-on écrire ? Militantes de la grammaire, les femmes savantes visent l’exercice du pouvoir. Car le langage est outil de pouvoir : pouvoir d’exclure, pouvoir de séduire. Bien parler, c’est dominer, et c’est le privilège d’une caste, celle des savants, des lettrés dans laquelle elles rêvent d’être admises et reconnues.
Un film de Godard en alexandrins
L’univers esthétique : la fin des années 60, au moment où de nouvelles revendications féministes voient le jour. Quand des questions comme
« Qui fait la cuisine ? », « Qui s’occupe des enfants ? », « Qui a le temps de lire ? » deviennent des questions politiques. C’est ainsi que nous réinventerons la maison de Chrysale.
Elisabeth Chailloux
Un grand moment de plaisir; une mise en scène tout en finesse, de très bons acteurs, à recommander à tous.
Pour 1 Notes
Un grand moment de plaisir; une mise en scène tout en finesse, de très bons acteurs, à recommander à tous.
1, rue Simon Dereure 94200 Ivry-sur-Seine