Soeur Hortense, sous couvert de son statut de religieuse, tente de faire grandir l'influence du groupe de résistants qu'elle anime dans son village, sous l'égide d'un mystérieux chef invisible. Autour de cette patriote énergique et autoritaire, une secrétaire de mairie, Annie, qui nourrit une fascination pour le pouvoir sensuel des uniformes, et le maire Albert, l'ami d'enfance d'Hortense, qui lui voue confiance et admiration.
Dans la ferme d'Albert travaillent une jeune femme un peu naïve de vingt ans, Jeanne, et un vacher polonais énigmatique et blasé, Gaspard. L'arrivée à la ferme de Pierre, un jeune ouvrier parisien venu fuir le STO, pourrait utilement renforcer le groupe de résistance d'Hortense, s'il n'était présomptueux et maladroit.
Jeanne et Pierre sympathisent : ils sont jeunes, fougueux et désireux d'agir. Pierre est mis à l'épreuve par Hortense tandis que Jeanne est éconduite par Gaspard, qui dirige un réseau parallèle consacré à la défense des travailleurs polonais de la mine voisine.
À force d'insister, Jeanne et Pierre finissent pourtant par recevoir une mission. Mais leur inexpérience et des circonstances incroyablement adverses les font échouer. Le plan très simple que Pierre doit appliquer tourne au fiasco et le groupe se retrouve avec deux prisonniers allemands sur les bras dont ils ne savent que faire. De son côté, Gaspard est fait prisonnier par la Gestapo alors que ses compatriotes ourdissent une mutinerie. Jeanne et Pierre ont l'occasion de se racheter en organisant avec succès la libération de Gaspard. Hortense recueille alors la confession du Polonais, dont l'histoire tragique est l'écho de celle d'une Europe orientale ballotée par les années d'entre-deux-guerres.
À plusieurs reprises, un soldat allemand vient se livrer, en intermède, à un effeuillage qui le voit quitter son uniforme pour un justaucorps et un tutu, à mesure qu'il révèle sa propre histoire, symétrique de celle de Gaspard.
Les deux réseaux réunis vont traverser la guerre ensemble, participer à la Libération, et leurs protagonistes goûter à la liberté retrouvée.
À quoi croit-on quand on a vingt ans dans un pays occupé et exsangue ? J'ai posé la question à ma grand-mère Odette, vingt ans en 1941. Je l'ai écoutée, avec un mélange d'effroi et de passion, évoquer la vie d'attente et de grisaille qu'elle menait dans la ferme de ses parents, où se côtoyaient les ouvriers agricoles, vachers et « filles de ferme ». L'aspiration à la liberté traversait les pensées sans jamais s'y ancrer, supplantée par l'angoisse d'être dépossédé de ses biens, de son outil de travail, de son identité, après avoir perdu l'honneur et la citoyenneté.
Dans le village d'Odette, un groupe de résistants hétéroclite tentait de s'organiser avec les moyens du bord, pendant qu'à la mine voisine, des centaines de mineurs étaient réduits en esclavage par l'Occupant. Dénoncés quelques jours avant le Débarquement, les membres du groupe ont été fusillés à la prison de Caen, le matin même du 6 juin 1944.
Pour évoquer cet héritage mémorial, j'ai opté pour une comédie où plusieurs trajectoires se rejoignent : celle de résistants aux moyens modestes et aspirations variées mais tous portés par un idéal, celle d'un vacher polonais échoué en Normandie et de ses compatriotes mineurs exploités, et celle d'un Allemand perdu, sorte de soldat inconnu, victime d'un conflit qui le dépasse. Le vacher polonais et le soldat allemand présentent deux histoires parallèles, comme deux destins tragiques qui se télescopent inéluctablement, broyés par la grande Histoire.
Le choix de la comédie est primordial, car les oeuvres sur cette période ont, ces dernières années, délaissé ce genre éculé par le cinéma populaire d’après-guerre, de la Grande vadrouille à Papy fait de la résistance, qui exorcisait les souvenirs des heures noires par un recours excessif aux poncifs gaulois. Nous voulions par ce parti-pris, renouer avec un humour qui a bercé notre enfance. Au travers des déboires que nos résistants anti-héros traversent dans la préparation de leurs actions, sous l'écume comique du ton se révèlent les véritables questions du quotidien : accueillir un réfractaire au STO, s'organiser dans la clandestinité, ne pas s'exposer aux représailles, garder ses valeurs malgré le chacun-pour-soi ambiant, rester préoccupé par le sort des autres, tel celui des mineurs si proches et si éloignés.
Les bouts de vaisselle, c'est l'histoire enfouie qui remonte par bribes à la surface. C'est le témoignage d'un passé révolu, qu'à la Libération, chacun voulait simplement oublier pour se tourner tout entier vers un avenir enfin radieux et prospère. Lorsque j'étais enfant et que mon grand-père m'emmenait avec lui en campagne au temps des labours, il n'était pas rare de trouver des morceaux de vaisselle, remontés à la surface par les socs des charrues. Encore aujourd'hui, la terre régurgite par endroits ces trésors d'avant-guerre, qu'avant l'exode on enterrait à la hâte, faute de pouvoir les emmener avec soi, et qu'on ne retrouvait pas toujours au retour, qui n'avaient même plus d'importance dans ce sentiment amer d'être libres au milieu des maisons éventrées.
un très belle pièce, écrite avec humour et bien rythmé les acteurs ont la patate ! je vous la conseille
Pour 1 Notes
un très belle pièce, écrite avec humour et bien rythmé les acteurs ont la patate ! je vous la conseille
6, rue de la Folie Méricourt 75011 Paris