Note de lauteur
Note de mise en scene
Le titre est emprunté à une phrase du roman de Colette, Chéri.
Colette désigne ainsi le plaisir qu'éprouvent les vieillards, selon elle, à médire les
uns des autres et à chercher avec avidité dans la rubrique nécrologique des journaux le
nom de leurs contemporains.
Mon titre s'applique à quatre courtes comédies de quinze à vingt minutes chacune : Pizza,
Et mourir de plaisir, Le retour de Pénélope
et Les secrets de Buckinqham Palace.
Bien que l'action se déplace de New York à Santiago du Chili (ou à Madrid) puis à
Montréal et enfin à Londres, le thème commun est l'abus que font certains vieillards
des deux sexes du pouvoir que leur assure leur position sociale.
Loin de tout réalisme, ces pièces se voudraient plutôt une charge hénaurme
, pour emprunter l'orthographe de Flaubert. Sous la caricature, il ne faut chercher
aucun message, sinon peut-être que la vieillesse n'est pas nécessairement synonyme de
faiblesse, d'impuissance ou de gâtisme. Mes vieillards sont redoutables
d'astuce et manipulent sans remords les jeunes gens qui sont sous leur coupe.
Je n'ai voulu que faire rire. Si certains spectateurs étaient choqués, je ne pourrais
alléguer pour ma défense que les trois mots que Stendhal met en exergue à l'un de ses
romans : All is true . Ce qui, bien entendu, est faux...
Michel Philip
Du beau, du licencieux, du bizarre en quantité Edgar Poe
Cette proclamation empruntée à Poe inspira les extravagants auteurs dont Alfred Jarry
fut le chef de file et fit se révéler Cocteau, Apollinaire, Marinetti, Tzara et tant
d'autres qui passeront le flambeau à Ionesco, Genet, Beckett.
Mais, alors que les premiers trouvaient leur inspiration dans l'amour de la vie et les
jours heureux, les seconds exprimèrent l'angoisse, l'absurdité de la vie, l'aliénation.
Que diront ceux qui démarrent le 2lème siècle ? Michel Philip, lui, s'intéresse à une
génération particulière: celle du troisième âge, qui revendique sa place dans la
société nouvelle et le droit d'assumer sa sexualité.
Avec les petites pièces de Michel Philip pernicieusement reliées entre elles par le
thème du pouvoir et de la perversion, nous entrons dans le domaine du licencieux et du
bizarre, côtoyant allégrement la provocation, une provocation qui aurait fait jubiler
Jouhandeau.
Quant au " Beau", qui est le catalyseur de ces Plaisirs scélérats de la
vieillesse, c'est la jeunesse, évidemment. Pour la mise en scène: jouer désinvolte
comme Sade, énaûrme comme Ubu, dans les décors du Cabinet du Docteur
Caligari et sur une musique à la Stravinsky.
Nicolas Bataille
23, rue de la Huchette 75005 Paris