La proposition est toute simple : Lisbeth Gruwez danse Bob Dylan. La pièce l'est aussi : Maarteen Van Cauwenberghe, complice habituel de la chorégraphe et danseuse passe plusieurs titres du chanteur sur de vieux vinyles, tandis que Lisbeth Gruwez danse, seule en scène, en simple tunique blanche, instaurant parfois de très légers décalages entre le départ d'une chanson et celui du mouvement. Parfois, ils dialoguent silencieusement, unis dans leur écoute commune de ces chansons des années 60. Lisbeth Gruwez y voit d'ailleurs une métaphore de l'amitié. En effet, celle-ci détestait la musique de Bob Dylan avant de l'apprécier grâce à l'amour que Marteen Van Cauwenberghe lui porte, lui qui est un fan de toujours : « Les amis ouvrent un monde devant nous, ils bousculent nos habitudes, nous emmènent vers d'autres lieux, que l'on n'aurait peut-être jamais trouvés tout seul ».
Il en résulte une pièce d'une grande douceur, épurée et mélancolique, et qui possède une forme de grâce liée à l'aisance et la fluidité de la danse, au minimalisme du dispositif.
Lisbeth Gruwez dances Bob Dylan évoque ainsi les fins de soirée où la plupart des invités sont partis et où seul reste sur la piste, solitaire, quelqu'un qui poursuit, inébranlable et entêté, son dialogue intérieur avec la musique. A la différence près que celle qui reste ici dans la lumière est une prodigieuse interprète, habitée par une forme d'évidence. La pièce apparaît alors comme un éloge de la dilution et du lâcher-prise dans laquelle Lisbeth Gruwez livre une matière brute et aérienne, une invitation planante au voyage.
76, rue de la Roquette 75011 Paris