Lola, Maria et Antonia, (dont la contraction des prénoms donne le titre Lomania) sont nées à Almeria dans les années 1930. Elles ont connu les terres arides et couvertes d’oliviers, ces collines où le galop des chevaux résonne fort. Lomania est un monstre à trois têtes, trois corps distincts qui se rejoignent dans une même folie, un même amour, une même douceur. Trois femmes qui se haïssent autant qu’elles s’adorent. Ces trois veuves se remémorent leur vie passée. Elles explorent leurs souvenirs, et redeviennent des enfants qui se jouent et rient de leur vie.
Trois femmes, parentes, omniprésentes, tentant l’omnipotence ou feignant l’impotence… Elles sont assises sur des chaises pliantes devant leurs portes. Elles changent de porte comme elles changent d’obsessions, pour se meurtrir, se chérir ou se haïr, selon que le vent tourne à gauche ou à droite. Elles déroulent les fils de leurs longues et pénibles vies avec ironie, en litanies, sous le spectre de leur défunt mari, frère et ami.
Mais le petit chat est mort…comme un mauvais présage… « Drôle de nom pour ce monologue à trois voix, où la prise de pouvoir prime, où la voix la plus haute veut résonner le plus longtemps, où la loi de la plus forte règne impunément. Mais la dent dure n’empêche pas le cœur tendre. Les trois phénomènes nous émeuvent, nous touchent, car du « supplice espagnol » à « la mort du petit chat », en passant par le déracinement », et tant d’autres séances de vie, elles ne semblent pas pouvoir exister les unes sans les autres, elles ne semblent pas pouvoir respirer sans se voler de l’oxygène.
Que se passerait-il si l’une d’entre elles venait à partir ? Si l’un de ces trois coeurs s’arrêtait de battre ? Alors la pendule cesserait d’entonner son chant de vie et laisserait planer un silence de mort dans la calle Hernandez ? La fameuse rue où les chaises pliantes en plastique accueillent depuis toujours « les trois grasses », ou les trois parques, qui refont leur vie. On se demande comment elles ont fait pour vivre ces choses en restant assises là si longtemps… Des objets et des images qui pendouillent et accompagnent ces trois boîtes de Pandore dévoileront peu à peu leurs secrets si bien enterrés…
Charlotte Escamez
Parvis des Arts 94140 Alfortville