Dans le cadre du Festival d'Automne.
Une conversation entre la salle et le public, des noirs et du temps qui passe, un groupe humain qui ressemble, c’est selon, à des fleurs dans un champ, à des lions dans la savane.
Low pieces est une pièce en basse définition : elle cherche à se situer en dehors des séparations que notre culture a construites : nature / culture, humain / non humain, spectateur / acteur, danser / parler. Cette pièce chorégraphique est une circulation incessante d’un état à l’autre, vers d’étranges paysages de corps qui refaçonnent le regard.
Accompagné de huit collaborateurs, Xavier Le Roy propose au regard du spectateur une communauté dégagée de son humanité. Animale ? Mécanique ? Végétale ? Devant nos yeux, une suite de paysages chorégraphiques suggère une autre forme d’être au monde et joue sur nos sens pour interroger une nouvelle fois les grandes lignes de séparation propres à nos conditions et à notre culture : objet/sujet, humain/non humain, nature/culture... Ce spectacle rejoue ces séparations pour nous placer, nous êtres humains modernes, dans cette position compliquée où l’on doit choisir entre percevoir le monde du côté de l’objet (où tout est fait) ou du côté du sujet (où tout est construction). En opérant des va-et-vient entre les deux, le spectateur pourra peut-être faire l’expérience, individuelle et collective, du brouillage de ces catégories et chercher d’autres perspectives.
Pour Xavier Le Roy, ce que l’on montre compte autant que les débats qui en découlent : ses pièces sont toutes des supports de réflexion. Deux temps d’échange entre le public et les interprètes ouvrent et ferment donc Low pieces. La présentation des chorégraphies qu’encadrent ces espaces de parole s’en trouve bouleversée quand les danseurs, avec lesquels le spectateur parlait quelques minutes auparavant, se retrouvent déshabillés sur scène. En quoi le regard des uns et des autres est-il affecté ? Comment danseurs et spectateurs vont-ils reconfigurer un espace commun ? Face à ces corps nus, l’image sociale du danseur en train de discuter, encore présente aux yeux du spectateur peu de temps auparavant, s’estompe. Xavier Le Roy poursuit ainsi sa réflexion sur la construction des sujets et subjectivités et la possibilité qu’a l’art chorégraphique de toucher au plus subtil de nos structures sociales.
17, boulevard Jourdan 75014 Paris