1889 : Malwida, une des femmes les plus remarquables de son temps, voit surgir un jeune écrivain qu’elle va révéler à lui-même. Une rencontre inouïe, un moment de grâce inoubliable.
Lorsqu’à l’été 1889, chez son maître et mentor Gabriel Monod, Romain Rolland fait la connaissance de Malwida von Meysenbug de cinquante ans son aînée, il n’imagine pas que cette rencontre va bouleverser sa vie. Aristocrate émancipée de son milieu d’origine, Malwida est devenue une apôtre de la cause féministe et a épousé les idéaux démocratiques de son temps, quitte à en payer le prix. Personnalité remarquable, elle exerce une influence sur les esprits les plus élevés de l’époque : Mazzini, Michelet, Wagner, Liszt, Nietzsche, Lou von Salomé, Suarès et bien d’autres. Pendant quatorze ans, de 1889 à sa mort, elle et Romain Rolland, qui traverse des années difficiles et connait de nombreux échecs, vont entretenir une correspondance inouïe de plus de mille cinq cents lettres. Malwida le révèle à lui-même. Il deviendra prix Nobel de littérature. Romain Rolland lui rendra hommage en des termes magnifiques : « L’ami qui vous comprend, vous crée. En ce sens, j’ai été créé par Malwida. »
Après le succès de Dernières notes (Studio Hébertot, automne 2023) qui relatait la dernière soirée de Romain Rolland au crépuscule de son idéalisme, Malwida fait revivre une femme d’exception et le grand écrivain et musicien à l’aube d’une œuvre amenée à faire le tour du monde.
Alors que Dernières notes, ma pièce consacrée à l’ultime soirée de Romain Rolland, était représentée au Studio Hébertot à l’automne dernier, un ami chinois me dit : « Tu connais bien sûr sa correspondance avec Malwida von Meysenbug ? ». Cette femme admirable, oui, je la connaissais ; sans plus ; ses échanges avec le grand écrivain français, publiés pourtant dans les Cahiers Romain Rolland dès 1948 – le premier des quarante à venir – j’en ignorais à ma grande honte l’existence. Mon ami me raconte alors qu’un jour, à Pékin, pendant la sinistre Révolution culturelle - il devait avoir douze ou treize ans - il avait trouvé dans une poubelle un petit ouvrage à moitié déchiré, sans couverture. Il n’y avait à cela rien d’étonnant : c’était alors en Chine le sort qu’on réservait aux livres ; il fallait qu’il n’en restât plus qu’un: le Petit livre rouge de Mao, but qui serait bientôt atteint. Ce livre abandonné, c’était la traduction chinoise de cette première édition des lettres de Romain Rolland à Malwida von Meysenbug.
« L’ami qui vous comprend, vous crée. En ce sens, j’ai été créé par Malwida. » Romain Rolland
L’ouvrage n’était alors pas loin, en France, d’être à son tour oublié ; mais mon ami lui n’a jamais oublié sa découverte. Il a conservé cette correspondance, en la cachant sous son oreiller, pendant toute la Révolution culturelle. L’idéalisme de Malwida von Meysenbug lui a donné espoir et montré le pouvoir de l’art de la beauté. Le souvenir de ce livre ne l’a jamais quitté. En un sens, elle l’a créé, de même que le prix Nobel, au soir de sa vie, dans son Voyage intérieur, écrivait : « L’ami qui vous comprend, vous crée. En ce sens, j’ai été créé par Malwida. » Ne nous y trompons pas : l’idéalisme, la recherche de la beauté et de la vérité artistique qui nourrissent la relation entre les deux amis et parcourent la pièce ne sont pas des témoignages d’un autre siècle ou d’un monde éthéré. Le plus remarquable dans cet idéalisme revendiqué est en effet qu’il s’accomplit dans des créations grandioses prouvant avec éclat que les êtres les plus « pratiques »,
pour reprendre un terme de Malwida, ne sont pas toujours ceux que l’on croit. Il montre par ailleurs tout ce qui fait défaut aujourd’hui : l’absence d’idéalistes au sens de Malwida von Meysenbug et de Romain Rolland, qui pensent et agissent en authentiques Européens et plus encore en véritables universalistes, contribue à ce que le monde soit ce qu’il est : un espace où l’Esprit a abdiqué, laissant la place – la nature ayant horreur du vide – à toutes les forces matérielles, qui sans nécessairement le souhaiter, ont comblé un vide abyssal.
Bérengère Dautun était l’actrice rêvée pour incarner Malwida, cette autre femme d’exception. Je ne saurais trop la remercier d’avoir accepté le rôle avec autant d’enthousiasme, de même que cet autre grand homme de théâtre qu’est Jean-Claude Drouot qui incarne, par sa présence vocale, Romain Rolland au soir de sa vie.
Michel Mollard
Quel plaisir d'écouter ce très beau texte ciselé, et très joliment interprété ! Le théâtre qu'on aime et qui manque aujourd'hui.
Les comédiens, la mise en scène et le texte sont superbes.
Très bien jouée, cette pièce traite de sujets intéressants. Un agréable moment.
Pour 3 Notes
Quel plaisir d'écouter ce très beau texte ciselé, et très joliment interprété ! Le théâtre qu'on aime et qui manque aujourd'hui.
Les comédiens, la mise en scène et le texte sont superbes.
Très bien jouée, cette pièce traite de sujets intéressants. Un agréable moment.
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