En arabe, surtitré en français.
Dans une famille bourgeoise du Caire, une mère et sa belle-fille rivalisent d’hostilité semi-feutrée pour gérer la maison et y maîtriser l’interaction avec les hommes. Petits drames, comédies délectables. La question que pose Ahmed El Attar n’est jamais soulignée : le tout-venant du quotidien familial ne serait-il pas la fabrique domestique de la névrose machiste ?
En effet, tous les machos ont une mère ! La tendance oppressive que peut contracter un homme ne résulterait-elle pas d’un dégât collatéral dû aux luttes de pouvoir féminines au sein de la maison familiale ? Les mères ne seraient-elles pas complices implicites de la tendance suprématiste virile en perpétuant l’ordre établi du patriarcat ? Pétries de bonnes intentions, toutes les attentions prodiguées aux enfants mâles, habitudes héritées et reproduites sans en questionner l’usage ni le fondement, ne seraient-elles pas le terreau de l’élaboration sociale du type mâle dominant ? Et misogyne de surcroît ? L’hypothèse est osée mais pas inédite. Circonvenue ici au contexte égyptien, elle ne dédouane pas les hommes de leur propre responsabilité pour autant.
Pas de ficelles démonstratives : comme d’habitude, El Attar excelle dans le portrait de groupe joyeusement cruel. Le pamphlet adopte l’allure d’une comédie sociale à l’égyptienne alors que la création scénographique de Hussein Baydoun inscrit le propos dans une esthétique très contemporaine. L’interrogation sociologique, suscitée par des réflexions intimes de l’auteur, est laissée à la discrétion du public. Le spectateur occidental pourra sans doute relever ici ou là quelques ressorts familiers par-delà le contexte géographique…
« Dans Mama, quatorze comédiens exhibent d’une manière presque clinique tous les paradoxes de la figure de la mère. L’oppression dont elle est victime, et sa responsabilité dans la reproduction du système patriarcal. Composée comme toutes les autres pièces de Ahmed El Attar de textes non-théâtraux, collés ensemble de manière à offrir une apparence presque classique (...) cette pièce est aussi un drame très réussi du langage. Et de la représentation. » Anaïs Heluin, La Terrasse, 26 septembre 2018
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