Le spectacle s'est attaché à la jeunesse du narrateur, Marcel Proust, et particulièrement à sa Tante Léonie, qui, dans le village Beauceron de Combray, où elle vit volontairement recluse, trompe son ennui et le transforme même en guetteur passionné de tout ce qui passe sous ses fenêtres. Il en résulte des situations moliéresques qui alternent avec des extases du poète sur la beauté et l'enchantement de la Nature, telle la promenade vouée aux aubépines, où l'exalation de la mémoire sensible qui, infailliblement le ramène à sa mère.
L'Eglise et ses vitraux magiques forment ainsi le centre d'une vie villageoise, avec la gardienne du Temple, Eulalie seule autorisée à visiter « Le linge du curé » , Francoise la servante dévouée et habile à déjouer toutes les ruses de Léonie dans le but de la préserver d'une trop grande excitation, la voisine, toujours en retard pour aller à la messe, comme le lapin d'Alice et dont la Tante est prête à parier qu'elle arrivera à l'église « après l'élévation » . Enfin le curé, féru d'Histoire et dont toute les expressions et les manières dénoncent « le bon vivant » , bavard impénitent qui fatigue Léonie, laquelle l'esquive du mieux qu'elle peut sans trop froisser le Bon Dieu. N'oublions pas Legrandin, prétendument anarchiste bourgeois et qui ne rêve que de relations mondaines.
En résumé ce sont quatre vingt minutes de rires, de poésie, de pensées philosophiques, tout cela dans le style d'une écriture qui, dès le début de son siècle, occupera le sommet littéraire et s'y tiendra.
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