Marco D'Agostin est un danseur à défis. La vitesse, la tension musculaire, la fatigue sont ses matières. Il n'a abordé la danse que tard. A sauté la case " écoles " ; s'est formé directement dans les compagnies (au sein des meilleures, avec les Claudia Castelluci, Alessandro Sciarroni...). Marco d'Agostin est une figure battante du renouveau chorégraphique, enfin en train de secouer la péninsule italienne.
Voici deux ans, il marquait le public des Rencontres chorégraphiques avec son solo affolant, Everything is OK. Découverte. Succès. Tournées. Il revient, affirmé encore, cette fois en duo. Teresa Silva, une fidèle, l'accompagne pour déclencher Avalanche. Elle est portugaise. Mais on devrait entendre au moins cinq langues, dans un torrent de mots, libérés par ce chorégraphe qui a étudié la linguistique, et croque le langage comme une matière physique.
Pourquoi une avalanche ? Pour dire, en tant qu'homme, en tant que femme, en tant qu'humanité, ce qu'il faudrait sauver d'un monde qui viendrait à s'effondrer. Que préserver ? Qu'archiver ? Quels mots ? Mais alors, quels gestes aussi, par centaines, par milliers, qui appartiennent tout autant au savoir du monde. Avalanche sera une pièce torrentielle, jusqu'à épuisement, galvanisée par le recyclage de ses propres matières sonores.
Marco D'Agostin pose cette question : qu'est-ce que serait le fossile d'un être humain, qui ne se réduirait pas à un squelette, mais conserverait la trace profonde de l'humain en soi ? Quand un spectacle de danse vient de se terminer, souvent on ressent que demeure sur le plateau une vibration, toujours pas dissipée. Avalanche dispose les moyens, les mots, les gestes, pour que pareille richesse ne s'éteigne jamais.
6, rue Marcelin Berthelot 93100 Montreuil