À partir d’une œuvre phare du théâtre grec antique, la tonitruante chorégraphe et performeuse cap-verdienne Marlene Monteiro Freitas fait surgir un jubilatoire ballet post-moderne totalement halluciné.
Dieu de l’ivresse et de la démesure, mais aussi dieu de la danse et du théâtre, Dionysos règne en maître infernal dans Les Bacchantes, tragédie tumultueuse écrite au IVe siècle avant J-C par Euripide. Transposée très librement, la pièce donne ici matière à un ahurissant spectacle hybride - quelque part entre comédie musicale et opéra contemporain - mené sur un rythme échevelé sans le moindre temps mort. Tout du long, l’extravagance burlesque s’allie à une rigoureuse minutie : une folle sarabande réglée comme une horlogerie fine de la plus haute précision.
Figure saillante de la scène contemporaine, Marlene Monteiro Freitas développe depuis une quinzaine d’années un langage chorégraphique extrêmement organique, qui brouille les frontières entre l’humain et l’animal dans un esprit souvent carnavalesque. Elle illustre ici l’éternel combat entre l’ordre et la déraison avec une création scénique d’une incroyable force visionnaire, en écho puissant au chaos de notre époque.
L’impureté, l’animalité et l’expression brute des émotions sont au cœur de ses précédentes pièces. Là encore, la folie, le trouble et les corps qui s’entrechoquent traversent ces Bacchantes où la psyché humaine se trouve sous influences contradictoires, entre l’harmonieuse raison d’Apollon et l’appel sauvage de Dionysos. Ce détour par la mythologie grecque n’empêche en rien la chorégraphe, qui danse ici comme dans toutes ses productions, de regarder le chaos du monde contemporain droit dans les yeux.
Marlene Monteiro Freitas ose tout, et les scènes européennes en redemandent. Chorégraphe du mystère et des émotions indomptées, la jeune Capverdienne embarque cette fois treize performeurs dans une intense bacchanale inspirée d’Euripide où l’humain se trouve inextricablement écartelé entre raison et folie.
Avec Bacchantes – prélude pour une purge, c’est la première fois que Marlene Monteiro Freitas propose une création d’une telle envergure. Ceux qui connaissent le travail de cette jeune chorégraphe ne seront pas étonnés de la voir plonger dans la pièce d’Euripide, elle qui se dit fascinée par l’étrangeté et la transgression des carnavals de rue.
Formée chez Anne Teresa De Keersmaeker, à Bruxelles, et à la Fondation Gulbenkian, à Lisbonne, elle a notamment dansé avec Emmanuelle Huynh, Loïc Touzé et Boris Charmatz avant de collaborer avec Trajal Harrell, François Chaignaud et Cecilia Bengolea et de monter ses propres projets (Jaguar, De marfim e carne…, Paraiso, Guintche…) à partir de 2010.
« Bacchantes, un show d'inspiration dada-surréaliste drôlement libérateur […] une œuvre originale et stimulante, entre concert de musique concrète, fanfare, pantomime et défilés de carnaval expressionnistes. Un spectacle total. » Emmanuelle Bouchez, Télérama
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