Bien que très appréciées du vivant même de l’auteur — Mélite fut un grand succès — les premières comédies de Corneille ont été, jusqu’à une date récente, boudées par la critique, et, du même coup, ignorées du public. Corneille semble pourtant avoir mis beaucoup de lui-même dans ces subtiles peintures de l’amour et Fontenelle prête même à Mélite une origine biographique très précise.
La pièce s’ouvre sur une opposition entre Tircis, galant un brin cynique, refusant le joug amoureux, et Eraste, amant subjugué et malheureux de la belle Mélite. L’intrigue va puiser ses rebondissements dans une série de fausses lettres qu’Eraste frappé de jalousie envoie à ses rivaux.
Mais la pièce permet d’appréhender les multiples facettes du sentiment, de la folie furieuse au badinage courtois dans des vers délicats mais parfois assez crus, où les corps s’expriment autant que les esprits. Décrite sous la forme de l’éblouissement, la loi du désir ne saurait toutefois faire oublier la réalité matérielle et sociale avec laquelle cette jeunesse, pas très insouciante, doit toujours composer.
13, rue du Faubourg Montmartre 75009 Paris