La Coma et son maître d’oeuvre, Michel Schweizer, avaient déjà troublé les rangs de la salle Gémier en 2004 avec le projet Scan. Inclassable, proche de l’art chorégraphique même s’il ne se définit pas comme chorégraphe, Michel Schweizer traque nos travers contemporains avec des outils neufs, une certaine ironie, une écoute attentive, un sens aigu de la mise en scène.
Fauves, dernier projet en date, s’appuie sur un groupe d’adolescents danseurs et chanteurs amateurs. Mais l’ambition secondaire de Michel Schweizer serait ici « d’apporter un éclairage particulier sur comment ces corps heureux en devenir se bâtissent dans les turbulences des mutations culturelles que nous traversons. Comment ce temps de construction de soi se nourrit aujourd’hui de la question centrale du rapport au désir et au plaisir que ces jeunes entretiennent à travers leurs conduites sociales ». Dix adolescents se retrouvent donc sur le plateau, ils sont chanteurs ou danseurs amateurs : un instantané de la jeunesse en dix singularités. Ce sont les « fauves » de Michel Schweizer. Un moment tout en sensibilité, en engagement et en fragilité qui parle de mutations culturelles et de conduites sociales. De l’infini aller-retour entre l’individu et le groupe pour aller à la rencontre du « monde ». Voici une chorégraphie politique sur le corps en devenir.
Il s’agira alors d’exposer la puissance de l’affirmation de soi comme l’emblème propre à ces verticalités conquérantes, et Michel Schweizer d’ajouter : « Fauves, c’est de nouveau aller à la rencontre d’un “monde” ». Philippe Noisette
« (…) Si le langage du metteur en scène emprunte, par provocation, à la froideur cynique du marketing, il en va tout autrement dans le spectacle, où la vie - avec son lot d’émotions imprévisibles - prend le dessus. Vie reconstituée certes, mais dans une pâte sensible. Car ils apparaissent tels qu’ils sont à l’intérieur, ces ados, sous le regard tendre de deux quinquagénaires : Schweizer lui-même et son acolyte DJ Gianfranco Poddighe, chargé de créer l’ambiance (Bowie et le groupe Alphaville tranchant sur une ligne générale plus techno). » Télérama
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