Coup de cœur MUSIQUE & DANSE Le 1er février 2015
Faire chorus, c’est manifester en chœur. Sous la direction de Mickaël Phelippeau, les vingt-quatre choristes de l’ensemble a capella Voix humaines explorent les combinaisons qui leur permettent de faire chorus ensemble et séparément. À partir de la cantate Nicht so traurig, nicht so sehr..., de Bach (bwv 384), le chorégraphe-plasticien les convie à entrer dans le chant et à en sortir sous la forme de groupes sans cesse défaits et sans cesse recomposés.
Ils investissent la scène rondement, sans jamais paraître accélérer le pas, dessinant avec une rapidité confondante des figures régulières ou aléatoires, poussant l’exercice choral dans des retranchements périlleux, imprévisibles. Face aux tentatives souterraines de déstabilisation, les choristes ont engagé des répliques sporadiques pour sauver ce qu’il est possible de mélodie. Prêts à manifester leur résistance jusque dans la tentation de silence.
Une étrange unité sonore émane de la manifestation, qui dépasse l’engagement du chœur pour s’étendre à la salle, comme si chaque mise à l’épreuve nouvelle unissait un peu plus les chanteurs au public, les rendait solidaires. Mickaël Phelippeau bouleverse l’auditoire en bouleversant l’ordre convenu, pointant la solitude dans le collectif, le désarroi dans l’assurance, l’immobilité dans le mouvement. Souffle dans l’air quelque chose qui appartiendrait à une instance supérieure, comme une essence musicale portée par des corps décidés à tenir, même et surtout lorsqu’il ne reste plus qu’une seule gorge pour tenir la note envers et contre toute tentation d’extinction.
« Partant d’une déconstruction du chœur classique, en l’éclatant, ou en le ramassant, le chorégraphe donne une autre chance au chant. » Marie-Christine Vernay, Libération
Place Jean Jaurès 93100 Montreuil