Après son accueil en 2006 au Festival de Marseille, où il présentait la majestueuse et délirante première partie de son triptyque sur trois compositions d’Igor Stravinsky, Michael Clark revient cette année pour montrer sa suite : Mmm… Entre temps, des amis artistes influents apportaient leur soutien à sa compagnie, en danger, lors d’une vente aux enchères exceptionnelle chez Christie’s en septembre dernier, lui assurant une pérennité essentielle à la liberté de création de l’artiste.
Aujourd’hui plus que jamais, le chorégraphe demeure un personnage essentiel de l’avant-garde britannique. L’harmonie et le risque, la tension et l’explosion sont à nouveau en dualité dans ce Mmm… qui confronte à nouveau, avec une impertinente lucidité, les musiques punk et post-punk fétiches de Clark (Sex Pistols, Wire, P.I.L.) au Sacre du Printemps. On rappellera l’importance que la partition de Stravinsky a eu au moment de sa création en 1913, révolutionnant le ballet avec la chorégraphie primitiviste de Nijinski, mais aussi la version de Michael Clark, originellement créée en 1992 et qui a fait date. Clark nous gratifie en outre d’un nouveau nomonomatopée pour son spectacle, manière de souligner son caractère dyonisiaque, à la fois glacé et sensuel, virtuose et dérangé.
Punk ? Ce qui focalise l’intérêt de Clark, ce n’est pas
tant les épingles à nourrices et l’antéchrist de Johnny Rotten, qu’un goût pour l’antithèse,
le paradoxe (sa fascination pour la technique classique) et le jusqu’au-boutisme qui en font
depuis des années un des artistes les plus puissants de sa génération.
“Le conventionnel est aujourd’hui expérimental et inversement” aime à répéter le chorégraphe anglais Michael Clark. Sa venue l’été dernier au festival a suscité de nombreux débats similaires aux interrogations suscitées par le chorégraphe William Forsythe dans le monde de la danse à l’orée des années 80. Ce dernier démontait les codes du ballet classique en utilisant les outils de la danse contemporaine.
Après une interruption de son oeuvre pendant quatre années, Michael Clark s’est engagé dans une relecture des ballets fondateurs de la danse moderne produit par Diaghilev et son successeur George Balanchine sur des musiques d’Igor Stravinsky.
Après sa relecture d’Apollon musagète il nous propose cette année le second volet de sa trilogie Stravinsky project. Michael Clark remet sur l’établi sa version de 1992 de Mmm… qui était une vision très décalée et follement déjantée pour 12 danseurs du Sacre du printemps chorégraphié par Nijinski en 1913. Les danseurs passent d’envolées très punks sur les sons distordus et saturés des Sex Pistols à des déhanchements lascifs sur Send in the Clowns dans l’interprétation de Barbara Streisand.Ce prélude laissera place à une nouvelle lecture insolente du Sacre du printemps dans la version pour deux pianos.
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