Attaché à déchiffrer les relations de pouvoir à l'intérieur desquelles les discours s'établissent et fonctionnent, Michel Foucault entend réhabiliter une parole enfouie dans le sang et la paysannerie du XIXème siècle, celle de Pierre Rivière, auteur du meurtre de sa mère, sa soeur et son frère et d'un mémoire d'une centaine de pages rédigé en prison. Cette parole, Michel Foucault l'érige en processus de vérité venu trouer l'institutionnalisation d'un savoir médical et la mise en place d'un pouvoir pénal.
Du propre aveu du philosophe, c'est surtout à la beauté du mémoire de Pierre Rivière que l'on doit l'enclenchement de tout son travail. Le spectacle choisit donc le même point de départ et décide de poursuivre le renversement qu'opère l'entreprise foucaldienne en situant la figure de Rivière au centre d'un mécanisme étroit de discours disqualifiants pour opposer aux catégories de fou ou d'idiot qu'ils soutiennent, celle, plus dérangeante, d'homme universel, en ce sens qu'universel serait, comme nous l'enseigne Milner, la force de l'affirmation d'un nom, en l'occurrence, ici : Moi, Pierre Rivière.
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