Tout commence par une petite chanson un peu idiote et totalement absurde à propos du corps et d’un écrivain qui s’enferme à New York en ne mangeant que des nouilles pour écrire un roman…
L’histoire aurait pu, tout aussi bien, démarrer en 1942, lorsque Raymond Federman, à 14 ans, échappe par miracle à la rafle du Vel d’Hiv en se cachant dans un placard. Mais sous sa plume, le drame devient dérision et se résume à une famille transformée en savonnette et en abat-jour.
Didier Kerkaert (metteur en scène), séduit par cet homme hors du commun nous propose une déambulation à travers son œuvre. Alors Federman se dévoile en partie sous Namredef : engagé volontaire dans l’armée américaine, jeune nigaud dégourdi par une jeune fermière, enfant obnubilé par sa tante…
Autant de fragments de vie, autant de scènes drôles ou très émouvantes dont le corps apparaît ici comme le conteur, de la jeunesse à la mort. Entre deux, il se passe pas mal de choses.
C’est un montage de textes puisés dans huit des romans de Raymond Federman. Toutes ces histoires sont jouées et mises en scène de manière (apparemment) improvisée. Les poèmes, les chansons, les réflexions sur le métier d’écrivain ou le nazisme, nous évoquent en fait l’histoire d’une partie du XXème siècle. Tout cela est fait de façon débridée, joyeusement bordélique et avec une certaine propension au délire.
Rescapé de l’holocauste, laissé à lui-même durant la guerre, Raymond Federman n’a eu de cesse de faire entendre dans ses fictions la trace d’une expérience indicible. Mais le « frenchy » qui vit aujourd’hui à San Diego a su couvrir les cicatrices de « l’impardonnable Enormité » du rire tonitruant de la vie.
Par la compagnie Théâtre Octobre. Musique et chants : Nicolas Dhondt.
Avenue du Chanoine Jules Chevalier 26100 Romans sur Isère