Mon traître forme un diptyque avec De beaux lendemains, présenté aux Bouffes du Nord en juin 2011. Deuil impossible des quatorze enfants tués dans un accident de bus scolaire. Deuil impossible de l’ami qui vous a trahi. Ils possèdent une forme commune, celle de l’oraison funèbre, du rite funéraire, du thrène antique qui rappelle à la mémoire la vie du défunt.
« Un jour, Emmanuel Meirieu m’a dit qu’il souhaitait adapter deux de mes romans au théâtre, réunis en une seule pièce qui s’appellerait Mon traître. Il m’a expliqué que les mots silencieux de ces pages pouvaient être chuchotés ou hurlés. Il en avait la conviction. Et je lui ai dit oui. De ce metteur en scène, je connaissais l’adaptation du roman de Russel Banks, De beaux lendemains et aussi celle du livre de Joe Connelly, Bringing out the dead. À chaque fois, des êtres se racontent, comme seuls en scène et à tout jamais. Chez Banks, quatre témoins pleurent les enfants d’un car scolaire accidenté. Chez Connelly, deux ambulanciers de New-York sont peu à peu hantés par ceux qu’ils n’ont pu sauver.
Meirieu a fait des choix dans ces textes. Il en a fait aussi dans les miens. Coupes franches, disparitions de répliques, de personnages, le théâtre est une autre aventure. Et je lui ai dit oui. Oui à la fusion des deux livres, oui aux allers-retours, oui aux chapitres manquants et aux regards en plus.
Cette fois, après la neige de Banks et la nuit de Connelly, c’est une histoire d’Irlande qu’Emmanuel Meirieu nous raconte. L’histoire d’un traître et d’un trahi. Mais je lui ai demandé une faveur : ne rien voir, ne rien entendre, ne rien savoir à l’avance. N’intervenir à aucun moment de son travail. Faisant cela, je lui offrais Mon traître en partage. Je lui proposais de faire sienne cette douleur intime. Et je me réfugiais dans le rôle du spectateur, celui que l’obscurité protège. Et j’ai bien fait.
J’ai assisté à une représentation de la pièce d’Emmanuel Meirieu. C’était en avril dernier, à Lausanne. Et j’ai été saisi. J’ai vu Antoine le trahi et Tyrone le traître prendre vie sous la pluie. J’ai regardé l’ombre de Jack, fils de Tyrone, écouté sa voix exiger de son père mort qu’il se relève. J’ai entendu des mots d’encre et de papier transformés en orage. Je ne m’attendais pas à une telle puissance. À une telle force. À cette « terrible beauté ». Et j’ai pleuré, comme les autres, dans l’obscurité qui me protégeait. »
Sorj Chalandon
Mon traître d'après Mon traître et Retour à Kyllibegs de Sorj Chalandon et mis en scène par Emmanuel Meirieu (que l'on avait pu voir aux Bouffes avec une adaptation de De beaux lendemains de Russel Banks) sera présenté pour la première fois en France.
En Irlande du Nord, dans les années 70, Sorj Chalandon rencontre Denis Donaldson, leader charismatique de l'IRA et de sa branche politique, le Sinn Féin. Il tombe en amitié. Il épouse sa cause. Il devient un frère. Il entre en guérilla. Le 17 décembre 2005, en conférence de presse, Denis Donaldson avoue sa trahison : depuis 25 ans, il est l'informateur des services secrets britanniques. Le 4 avril 2006, il est assassiné. De cette amitié, de cette trahison, Sorj fera deux romans : Mon traître et Retour à Killybegs. Dans Mon traître, c'est Antoine, double littéraire de Chalandon, qui nous en fait le récit. Dans Retour à Killybegs, c'est Tyrone Meehan, avatar de Donaldson. Deux livres. Deux monologues. Le récit du trahi et le récit du traître, écrits au " je " , où s'emmêlent fiction et vérité historique. Une amitié engagée, un texte politique et sentimental, plein de chaleur et de chagrin.
D’après Mon traître et Retour à Killybegs de Sorj Chalandon, adaptation Emmanuel Meirieu et Loïc Varraut
Musique : Raphaël Chambouvet
Collaboration artistique : Loïc Varraut
Vidéo : Lise Douchet et Seymour Laval
« Une intensité émotionnelle exceptionnelle. (...) L'héroïsme, la trahison et la fidélité, l'amitié, la foi en une cause. C'est d'une beauté aussi simple et forte que celle des pierres grises de ce pays où Sorj Chalandon, avec quelques autres, était allé chercher quelque chose qui ressemblait à la fraternité et à l'absolu d'un engagement. » Fabienne Darge, Le Monde, 19 avril 2013
« Avec cette lecture scénique émouvante, Emmanuel Meirieu place l’acteur au cœur de l’œuvre. Difficile de faire autrement. Et (...) Jean-Marc Avocat acteur chez Chéreau ou Langhoff est magnifique. On aurait aimé un rapport plus physique avec les comédiens. » Stéphane Capron, ScèneWeb, 8 décembre 2013
« Mon traître, spectacle tiré de deux romans de Sorj Chalandon, sobrement mis en scène par Emmanuel Meirieu et interprété par trois comédiens inspirés, est un grand moment d'émotion théâtrale. » Philippe Chevilley, Les Echos, 6 décembre 2013
« Un triomphe, malgré la radicalité de la mise en scène : trois monologues, un micro, des lumières chirurgicales. Mais tout est dans la nuance, l'émotion pure. C'est réussi, c'est splendide, mais très risqué. » France info, 9 décembre 2013
« Bouleversante » L'Humanité, 9 décembre 2013
« Jean-Marc Avocat lui confère une dimension de héros mythique, d’homme de marbre, de héros tragique aux prises avec un destin implacable.(...) Les comédiens sont face public, face micro, immobiles, somnambules errant dans leurs souvenirs (...) cherchant une issue. Et nous, spectateurs, recevons leurs visions et leurs douleurs un peu comme dans les contes, quand l’effroi le dispute au ravissement (au sens premier du mot) d’entendre une voix à hauteur d’homme témoigner contre la nuit, et l’oubli. » Odile Quirot, Le Nouvel observateur, 9 décembre 2013
le livre était beau ,la pièce est magnifique ,une mise en scene à la hauteur du sujet.3 comediens habites par le texte et cette mise en scene dépouillée donne tout le recul necessaire au sujet.Allez voir cette piece
Mise en scène ,Jeu des acteurs tout est là pour que le spectateur soit d'emblée cueilli pendant 1h1/2 . Lectrice de Monsieur Chalandon .
La mise en scène proche de l'ascèse confère une immense responsabilité aux comédiens. Et ils sont tout simplement excellents, parvenant à faire passer l'émotion avec une grande économies de moyens. Jean-Marc Avocat est plus qu'inspiré, il est habité.
Très beau travail et je conseille la lecture des textes de Sorj Chalandon qui sont à l'origine de la pièce : encore plus fort !
Pour 3 Notes
le livre était beau ,la pièce est magnifique ,une mise en scene à la hauteur du sujet.3 comediens habites par le texte et cette mise en scene dépouillée donne tout le recul necessaire au sujet.Allez voir cette piece
Mise en scène ,Jeu des acteurs tout est là pour que le spectateur soit d'emblée cueilli pendant 1h1/2 . Lectrice de Monsieur Chalandon .
La mise en scène proche de l'ascèse confère une immense responsabilité aux comédiens. Et ils sont tout simplement excellents, parvenant à faire passer l'émotion avec une grande économies de moyens. Jean-Marc Avocat est plus qu'inspiré, il est habité.
Très beau travail et je conseille la lecture des textes de Sorj Chalandon qui sont à l'origine de la pièce : encore plus fort !
J'ai vu cette pièce hier à Grenoble, c'est poignant, la mise en scène minimaliste sublime la charge émotionnelle, bref ça vous prend aux tripes et on ressort bouleversés. Et les acteurs formidables y sont aussi pour quelque chose... Merci pour cette excellente soirée!
Un très belle écriture pour dire la douleur et tenter de l'apaiser, une mise en scène minimaliste, qui crée l'atmosphère idéale de la nuit irlandaise, de la peur, de la marche de l'histoire sombre d'un pays et d'un homme. C'est captivant.
2/4, rue Alexandre Bachelet 93400 Saint-Ouen
Voiture : D111 depuis Porte de Saint-Ouen, direction Mairie de Saint-Ouen. Prendre à droite rue des Rosiers et à gauche, rue Alexandre Bachelet. Rue des Rosiers depuis Porte de Clignancourt, puis à droite, rue Alexandre Bachelet. D912 puis D410 depuis Porte de Clichy, puis à droite, rue Ernest Renan et prendre à gauche, rue Alexandre Bachelet.