Présentation
Intentions de mise en scène
La compagnie Aline César
Jouer Feydeau aujourd’hui c’est jouer avec l’horizon d’attente des spectateurs qui connaissent par cœur les ritournelles du trio du mari, de la femme et de l’amant. Pourtant Monsieur chasse ! tient une place à part dans le corpus de Feydeau : pour la première fois, l’auteur réussit la parfaite alliance d’une mécanique infernale et d’une finesse psychologique des caractères.
De fait, les personnages de Feydeau ne sont jamais caricaturaux : s’ils se meuvent parfois comme des pantins, ils n’en demeurent pas moins humains et attachants. Feydeau donne à voir dans cette pièce une humanité jeune, trépidante, animée d’illusions et mue par un égocentrisme forcené. Il n’y a donc pas de perversité dans l’univers de Feydeau : la cruauté n’est que celle des situations où l’égoïsme des personnages est poussé à l’extrême. Ainsi cette fameuse mécanique n’est pas qu’une forme théâtrale, elle est aussi l’expression d’une vision des rapports humains et amoureux, où chacun est prisonnier de ses propres stratagèmes et de son égocentrisme.
Ici, chacun complote et prépare avec soin son périple nocturne sans penser à mal. La nuit s’anime comme un petit théâtre d’illusions où chacun met en scène ses phantasmes et une vision rêvée de soi. Mais la nuit agit aussi comme un révélateur qui met à nu tous les protagonistes. Après le grand dérapage nocturne, la lumière du petit matin paraît plus crue que jamais.
En définitive Monsieur chasse ! me semble être avant tout l’histoire d’un apprentissage, pour des jeunes gens qui expérimentent l’adultère et l’histoire d’une perte de l’innocence, pour des débutants en matière de « liaisons dangereuses ». Cette pièce crée en 1892 est en effet une pièce de jeunesse où l’analyse des rapports du couple est moins désespérée et moins féroce que dans ses dernières pièces en un acte qu’il avait lui-même regroupées sous le titre Du mariage au divorce.
C’est pourquoi la transposition de la pièce dans la première moitié des années 1960 m’a semblé correspondre à la trajectoire des personnages et à leur état d’esprit : époque de mutation où l’individualisme devient manifeste, époque de conflit entre les conventions sociales d’avant-guerre et les aspirations de la jeunesse, époque, enfin, marquée par le triomphe des valeurs d’une jeunesse éprise de liberté qui donne le ton aux « swinging sixties ».
Aline César
La transposition de la pièce au début des années 60
Plongés dans cette époque de mutation, les personnages de Feydeau sont tiraillés entre la fin des années 50 et les prémisses des années Pop, entre une morale bien ordonnée et les aspirations à l’émancipation. Si les codes sociaux de la bourgeoisie restent les mêmes qu’au XIXème siècle, de nouvelles nécessités commencent à bousculer l’ordre social établi. La jeunesse se dégage des contraintes parentales et impose le mot d’ordre de liberté, le consumérisme grandissant des Trente Glorieuses s’accompagne d’un individualisme érigé en principe. Or ces antagonismes correspondent aux contradictions des personnages qui hésitent entre une fidélité bien ordonnée et un adultère débridé, entre le conformisme social et une représentation épique de soi.
L’adaptation du texte
Un travail de coupes a été réalisé dans le texte d’origine. Les choix ont été guidés par une volonté de se concentrer sur le parcours de chaque personnage et sur les métamorphoses qui s’opèrent au cours de l’acte II, pendant la nuit dans la garçonnière du 40 rue d’Athènes. Si l’acte I et l’acte III ont été coupés, l’acte II est préservé dans sa quasi totalité, afin de développer l’atmosphère nocturne et d’en saisir les variations comme autant de dévoilements.
En outre cette adaptation accorde une large place aux séquences musicales et à la chorégraphie, et flirte tantôt avec la comédie musicale tantôt avec le cinéma. Ils donnent vie à l’imaginaire des personnages et à leur univers de représentations.
Un fil conducteur : le travail sur les représentations de soi
La représentation de soi est en effet une obsession pour les personnages de cette pièce. Cette interrogation autour des représentations constitue un fil rouge dans la mise en scène et justifie un traitement décalé et parfois fantasmagorique des scènes. La mise en scène cherche ici à faire vivre l’imaginaire des personnages, qui est le véritable moteur de l’action, tout autant que les péripéties dont Feydeau anime sa pièce.
La progression dramatique suit par conséquent cet itinéraire souterrain. A l’acte I, la présence du miroir dans le salon de Duchotel permet à tous les personnages de vérifier leur image en vue de la nuit qui s’annonce. Image truquée, image falsifiée, image sans tache et sans ombre, toute de sourire et d’amour de soi. A l’acte II, dans la garçonnière de la rue d’Athènes, les personnages n’ont plus besoin de miroir : l’autre devient ce miroir, et chacun se joue soi-même face à l’autre. Figure du paon qui fait sa cour. Enfin, si l’acte III est l’ultime moment des révélations, c’est surtout en tant que révélateur des représentations, au sens photographique du terme.
Le thème de la chasse décliné à la mode de la Grèce antique
Dans cette adaptation, le motif cynégétique, hautement ambiguë, renvoie aux représentations de soi véhiculées par les personnages. La déclinaison de ce thème est une mise en perspective de la vision du « moi sexuel » ou du « moi amoureux » et varie en fonction des personnages. Nous avons privilégié le champ des représentations du monde grec antique, par contraste avec la société des années 1960 : à un monde des « choses », matérialiste et bourgeois s’oppose le monde des mythes, idéaliste et épique.
Le fil conducteur est donc celui du chasseur voire du guerrier dans la Grèce classique. L’escapade « rue d’Athènes » prend alors tout son sens ! Lieu des frasques amoureuses, lieu où le moi épique se fait son cinéma.
Pour Duchotel, le mari qui prétend chasser lors qu’il rejoint son amante, le chasseur c’est le guerrier dans toute sa splendeur. Cette hélénomanie l’a sans doute pris depuis qu’il se rend rue d’Athènes pour rencontrer sa maîtresse. Il a même poussé l’indécence jusqu’à envahir son salon de ses visions en faisant peindre des hoplites géants dans son salon.
En effet, la comtesse Latour vit aussi à travers son mythe personnel, celui du dompteur du cirque Fernando, cause de son déclassement au rang de concierge. Et l’on trouve dans la garçonnière, trônant au-dessus du lit, une représentation d’Héraclès étranglant le lion de Némée. Autre déclinaison du chasseur à l’antique, plus sauvage celui-là. Ce motif est contagieux dès lors que les instincts se débrident : à son tour, Léontine se voit en Artémis chasseresse et vengeresse, lorsqu’elle apprend la trahison de son mari.
Une jeune compagnie implantée en Seine-Saint-Denis. Elle a été fondée en 2003 avec deux missions essentielles : créer des spectacles tout public de qualité et œuvrer à la construction des publics et notamment à la sensibilisation du public jeune. C’est pour mener à bien ce dernier objectif que la compagnie a choisi de s’implanter en résidence en Seine-Saint-Denis (Pierrefitte-sur-Seine). La compagnie est aujourd’hui soutenue par le Conseil Général.
La compagnie se compose venus d’horizon divers : anciens élèves du Conservatoire d’art dramatique du Centre et du XIème arrondissement de la Ville de Paris, Studio-Théâtre d’Asnières, Classe libre du Cours Florent, Conservatoire National Supérieur, ESSAD, ENSAT -Rue Blanche. L’équipe technique est tout aussi composite et apporte à cette jeune compagnie une expérience qui a fait ses preuves dans des structures reconnues : chorégraphe issue de l’école et du ballet Béjart, régisseur lumière issu de la compagnie Montalvo, décoratrice qui a travaillé dans de multiples CDN et scènes nationales, etc.
Deux créations à son actif : Monsieur chasse ! de Feydeau et La part de Vénus.
Le « Projet Aladin » : ateliers et spectacles avec les enfants
En outre, dans le cadre de notre résidence à Pierrefitte, nous avons été amenés à encadrer des ateliers de théâtre avec 3 classes d’écoles primaires. Ce projet, intitulé « Projet Aladin » en référence à la figure du conte initiatique et du voyage m’a amené à écrire en 2004 une pièce sur mesure pour les enfants, Mémoire perdue, travail sur la mémoire et l’identité culturelles. Cette année, le Projet Aladin se réitère avec de nouvelles classes et une nouvelle création à la clé pour juin 2005.
Eh bien j'étais très agréablement surpris par cette pièce....En effet la performance des differents acteurs donne à ce style de pièce une autre dimension plus petillante et plus moderne. j'ai trouvé aussi amusant la facon dont les comediens changent le décor,par une chorégraphie amusante et bien huilé ( à la limite de la dance contemporaine), les objets et autres meubles deviennent reversible et modulablepour donner une nouvelle scène et une autre atmosphère. Très sincerment c'est une pièce à voir absolument et pour les hommes ou mari retissent, les comediennes sont mignones et portent parfois de petites tenues légères....
Eh bien j'étais très agréablement surpris par cette pièce....En effet la performance des differents acteurs donne à ce style de pièce une autre dimension plus petillante et plus moderne. j'ai trouvé aussi amusant la facon dont les comediens changent le décor,par une chorégraphie amusante et bien huilé ( à la limite de la dance contemporaine), les objets et autres meubles deviennent reversible et modulablepour donner une nouvelle scène et une autre atmosphère. Très sincerment c'est une pièce à voir absolument et pour les hommes ou mari retissent, les comediennes sont mignones et portent parfois de petites tenues légères....
7, rue des Plâtrières 75020 Paris