À la Chapelle Royale.
Chef d'oeuvre inachevé, testament musical, composition sacrée intemporelle et dépassant le cadre liturgique, le Requiem de Mozart accumule les superlatifs.
Mozart l'aurait même composé en pressentant sa propre mort. Il s'agissait en fait d'une commande du Comte Walsegg pour les funérailles de son épouse. Le commanditaire ne pouvait faire un meilleur choix en la personne de Mozart, alors tout récemment nommé vice-maître de Chapelle à la Cathédrale Saint-Etienne, et qui poursuivait son travail sur la forme musicale de la messe, dans un souci de renouvellement. Compositeur d'opéra surdoué et de premier plan à Vienne, il était aussi le gage d'une certaine « aura », même si le Comte s'attribuait la paternité de ses autres commandes avant de révéler l'originale.
La tonalité de ré mineur est très significative : Mozart ne l'a employée que dans des oeuvres où il est question de souffrance rédemptrice, par exemple, dans Don Giovanni. À sa mort, le 5 décembre 1791, le compositeur avait achevé entièrement le Requiem et le Kyrie, et défini pour une bonne part le contenu des cinq numéros suivants, du Dies Irae au Confutatis. C'est à son élève Franz-Xaver Sussmayr qu'incombera la lourde tâche de compléter cette musique sans la trahir. L'oeuvre a depuis suscité mille hypothèses, de nombreuses versions des pages inachevées, de splendides interprétations surtout : elle magnétise l'auditeur comme l'interprète, et s'impose finalement presque intégralement dans la forme qu'a laissé Mozart, comme si ces dernières notes, la plume encore levée d'un compositeur mourant, n'en étaient que plus précieuses....
Jan Dismas Zelenka (1679-1745) fut une des personnalités musicales les plus marquantes de la première moitié du XVIIIè siècle. Né en Bohême, formé à Prague puis en Italie, il a développé un style original, dont l'inventivité et l'expressivité n'ont pu manquer d'influencer ses contemporains. Sa carrière se déploya essentiellement comme Maitre de Chapelle à la Cour de Saxe, dans cette Dresde que Bach connaissait bien : musiciens de la même génération, ils trouvèrent chacun par leur style propre, une écriture de la musique chorale sacrée qui a influencé fortement les styles européens qui les suivirent. Autant Bach a multiplié les Cantates par centaines, autant Zelenka aura démultiplié les messes et litanies, produisant un énorme corpus de musique sacrée encore très peu exploré. Le style du Miserere en do mineur de Zelenka, tantôt passionné, tantôt apaisé, témoigne de la dramatisation intense de l'écriture du compositeur dans les dernières années de sa vie. Subissant l'influence italienne en vogue à cette époque, il l'a peu à peu intégrée à son écriture, produisant des contrastes saisissants : par exemple entre l'écriture très syncopée voire saccadée du Miserere, et celle du Gloria patri, bel aria à l'italienne.
Pour son second concert à Versailles cette année avec son nouvel orchestre sur instruments d'époque, Insula Orchestra, Laurence Equilbey a bien évidemment convoqué son splendide Choeur Accentus, dont la perfection et la ductilité font merveille dans les pages chorales mozartiennes. Quatre solistes de haut vol, eux aussi fins mozartiens, viennent compléter cette distribution magnifique : Insula orchestra réalisera à l'occasion de ce programme son premier enregistrement discographique pour le label Naïve.
Avec Accentus
Avec Insula Orchestra
Laurence Equilbey, direction
Château de Versailles, Place d'Armes 78000 Versailles
Entrée par la Grille d’Honneur. L'accès aux salles se fait par la Cour d'Honneur Porte B.
Voiture : Par l’autoroute A13 et A86, sortie Versailles Château.