Musique de table

Que peuvent faire six mains ? Que peuvent faire six mains ensemble ? Que peut-on faire ensemble ?

Ce sont six mains qui dansent leur propre musique. Ce sont trois performers qui s’harmonisent pour danser leur propre son.

Musique de Table, composée par Thierry de Mey, est une partition pour trois percussionnistes disposant de tables pour seul instrument. Ce sont nos doigts, nos ongles, nos paumes ou encore nos phalanges qui créent la musique. Il s’agit ici d’un point de rencontre entre deux disciplines : la musique et la danse. Les gestes sont tout aussi importants que le son. C’est une réflexion sur la perfection et la virtuosité qui est menée. La qualité de maîtrise dont il faut faire preuve pour jouer cette partition amène à un combat du performer face à la précision. Qu’est ce que la perfection ? Est-elle une fin en soi ? Quand est-ce que ça va dégénérer…

Car c’est aussi cela que l’on veut voir, comme au cirque, le moment de l’accident, la seconde où la partition gagne face à son interprète. L’interprète va-t-il s’émanciper de cette contrainte ? Jamais, car sa contrainte lui donne un cadre inéluctable de beauté et de prouesse sans lequel il perdrait toute sa consistance et sa raison d’être. Mais s’il jouait à se tromper, s’il jouait l’accident, s’il jouait le trouble pour prendre la partition à son propre jeu de précision technique, de précision jusqu’à la précision de l’erreur… Le trouble pousse le spectateur à douter de ses certitudes quand il ne sait plus qui maitrise qui, qui se joue de qui, qui joue qui…

Cette expérience musicale et visuelle quasi hypnotique dure 14 minutes et est proposée à un public restreint de dix ou quinze personnes. Ce format est adaptable en fonction de l’occasion, du lieu, de l’évènement dans lequel il serait présenté. Il faut réinventer la représentation, le rapport au public et la durée à chaque fois.

« Bisogna avere un caos dentro di se per generare una stella danzante » (« Il faut avoir un chaos à l’intérieur de soi pour enfanter une étoile qui danse) » Nietzsche cher à Thierry de Mey