Marie et Adam vivent cloîtrés dans leur appartement. Alors que tout est prétexte à dispute, l'arrivée d'un étrange colis qui n'est pas à leur nom va les forcer à collaborer. Il leur faut retrouver ses véritables propriétaires et vite ! Plus le temps passe, plus ces derniers ont tout l’air de vouloir prendre leur place…
Marie et Adam vivent cloîtrés dans leur appartement. Leur équilibre vacille entre des échanges toxiques et une sensibilité exacerbée, parfois touchante. Alors que tout est prétexte à dispute, un événement inattendu va les forcer à collaborer. Un colis qui n’est pas à leur nom se retrouve livré dans leur boîte aux lettres.
Simple erreur de livraison? En toute logique oui. Pourtant tout indique que ce colis destiné à d’autres, est bel et bien au bon endroit... Pour résoudre ce paradoxe, Adam et Marie vont dès lors s’efforcer de trouver un sens à cette aberration : comment peuvent-ils être les bons destinataires d’un colis qui ne leur est pas destiné ?
Déboussolés, ils se lancent dans des investigations de plus en plus loufoques et délirantes pour trouver la réponse, sans même s’apercevoir que cet étrange colis grossit de plus en plus. Seraient-ils autre chose que ce qu’ils pensent être ? Et si cette enquête insensée débouchait sur une autre quête, plus complexe et essentielle : celle de soi ?
Distribution en alternance.
« Le duo amoureux conduit avec fantaisie sur des pistes singulières. » Télérama sortir
Avec notre premier spectacle : Sous la peau, nous avions exploré la mise en scène de soi à l’heure des réseaux sociaux. Dans une société où l’image prend une place de plus en plus grande, où l’avatar prend parfois le pas sur la personne réelle, la question du faux-self et ses conséquences psychologiques était pour nous une vraie matière théâtrale.
Avec NPAI, nous avons envie de continuer cette réflexion sur l’identité, d’autant que l’expérience des confinements successifs a particulièrement changé la donne. Quand le repli sur soi devient la norme, que reste-t-il de nos humanités? Que devient-on quand l’Autre devient un danger potentiel ? Cette folle période a exacerbé des réflexes de méfiance, voire de paranoïa dans de nombreux domaines : scientifiques, politiques mais aussi sociaux ou familiaux. Si le regard des autres peut rendre fou, comme nous l’avions mis en scène dans Sous la peau, vivre sans ce regard peut être source d’une folie non moins dangereuse.
Cette expérience d’isolation forcée nous a amenés à nous questionner : comment se définir sans l’Autre ? Suis-je celui que je pense être intrinsèquement ou bien ai-je besoin du monde pour tracer les contours de mon identité ? Pour incarner ce questionnement nous avons choisi un couple : Adam et Marie. Ils sont deux, mais ils sont seuls. Ils ne sont pas sortis depuis un certain temps. Quelques semaines, quelques mois, quelques années peut-être. A force de vivre en quasi-autarcie, que reste-t-il à ces personnages de leur identité propre ? S’ils sont sûrs de « ne pas être » ces fameux Schaeffer, savent-ils néanmoins qui ils sont ?
Cette question : « Qui suis-je ? » est symbolisée par le fameux colis au nom de Schaeffer. Elle va prendre de plus en plus de place dans leurs têtes et sur scène, à mesure que le colis grossit, change de taille et occupe de plus en plus le plateau. Etrangement, nos protagonistes ne s’en rendent pas compte le moins du monde! Dans cette solitude à deux, Adam et Marie deviennent-ils fous ou ont-ils simplement oublié qu’ils sont bien les Schaeffer ?
Représenter le couple était propice à la comédie. Entre les crises d’hypocondrie de l’un, l’égoïsme de l’autre, ils renforcent mutuellement leurs travers. Pour nous, Marie et Adam sont deux personnages de Feydeau qui se sont trompés d’époque : ils ont l’impression d’avancer, mais font plutôt du surplace, mettant inlassablement leur couple à l’épreuve de leurs incompréhensions, leurs frustrations et leurs angoisses.
En mêlant questionnements existentiels et situations de comédie nous avons eu envie d’écrire une pièce jouissive à interpréter pour des acteurs, un numéro de duettistes qui demande de l’énergie et du rythme. Comme les héros d’Hanokh Levin dans Une laborieuse entreprise, mais avec 20 ans de moins et un Alzheimer précoce, Adam et Marie sont confrontés à leurs peurs, leurs défauts, bref leur humanité. Affreux, sales et méchants, ils nous ont embarqués de l’écriture à la mise en scène de ce spectacle que nous voyons comme un reflet déformé de ce que nous pourrions devenir dans un monde où la solitude est le mal du siècle.
Idir Chender et Anne-Clotilde Rampon
77 rue de Charonne 75011 Paris