Napoli Express

du 6 mars au 7 avril 2007

Napoli Express

Le metteur en scène et cinéaste Benoît Bradel propose à un poète sonore de découvrir une ville mythique. Dans le cadre du 10ème festival Etrange Cargo.

Expédition épistolaire
Le voyage d’Anna
L’action du poète
Un dispositif spatial

  • Expédition épistolaire

Un metteur en scène/cinéaste propose à un poète sonore de découvrir une ville mythique. Le premier, suite à de fréquents voyages, se dit “napolitain d’adoption” et a fait de Naples son terrain de prédilection et d’inspiration. Le second s’est inventé la ville au rythme des cartes postales qu’il a reçu du premier. Au fil de cette expédition épistolaire, ils ont imaginé un voyage qu’ils ont accompli ensemble.

In Situ, ils écrivent deux partitions, l’une visuelle, l’autre textuelle et sonore où se côtoient divinités d’hier et d’aujourd’hui au coeur de la cité parthénopéenne. Sur scène, l’un la dit et l’autre la joue. Une muse, danseuse ou actrice, réelle ou virtuelle, étrangère ou autochtone, Didon ou Anna, les rejoint pour effectuer ce voyage extraordinaire. Dans chaque ville, un troisième homme, musicien et improvisateur se joint à l’ensemble.

Napoli Express est une chanson, un article, un opéra, un film, un poème, une danse, une sculpture, une tarentelle, un concert de klaxon, une carte postale, une litanie, une éruption, en douze tableaux.

Tableau : [tablo] n. m. – 1285 tabliau «panneau de bois, de métal… portant des inscriptions, des images» ; de table. Toute ville est une succession de tableaux parce que toute ville parle d’abord à l’arrivant au travers de ces graphes lisibles et illisibles à la fois : tags au abords des voies ferrées, puis autres destinations dès l’entrée en gare, ensuite noms de rues, de magasins, d’enseignes… Ville d’emblée codée par ces langues étranges, propres et impropres. La promenade commence et les langues se multiplient, les couches se superposent pour composer peu à peu un fabuleux paysage.

Couches : [kus] n. f. – 15 75 ; cluche 1170 ; de coucher. Ce qu’il s’agit de gratter, ces couches de sens et de sensations fossilisées au cours des siècles. Chaque langue, l’écrit, le dit, le joué, le simulé aussi, le parlé, le marché et le couru, se multiplie. Les corps dansent et parlent, les images courent, les inscriptions s’agitent et s’énervent au contact des appareils. Alors, nous ne serons pas trop de quatre pour démêler ces cluches. Il faut inventer des machines à décoder l’inextricable sans en briser les fils. D’où ces tableaux où se rencontrent la danseuse et l’acteur, le poète et le musicien, le cinéaste et le poète, puis la danseuse et le musicien, et le poète, et le cinéaste, ou l’actrice et le musicien… A tous ceux-là il leur faut parler plusieurs langues à la fois, et pratiquer l’aléatoire. Alors les couches prennent leur temps, leurs rythmes deviennent strates et s’exposent sur scène.

Strates : [strat] n. f. ; strata 1765 ; lat. stratum “chose étendue“, de sternere “étendre“. Ca commence à s’étendre et à s’entendre. La ville prend ses aises. Les quartiers dessinent des mondes, ceux de la politique, de l’art, du quotidien et du farfelu, de l’ordinaire et de l’étrange, et les mondes s’incarnent en des corps. Le poète, la danseuse, le metteur en scène, le musicien, tous sur scène ensemble ou à tour de rôle, réunis par effet de nombre ou par affinité, par hasard aussi, donnent vie aux esprits des lieux.

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  • Le voyage d’Anna
Le personnage d’Anna traverse l’ensemble des tableaux. Il apparaît en filigrane au fur et à mesure que se construisent les scènes qui donnent à voir et à entendre la ville. Figure volatile, Anna n’a tout d’abord aucune existence propre. Elle prend corps par accident, empruntant aux autres, au cinéaste, au poète, au musicien, leurs outils et leurs mots. Ces prélèvements successifs transforment peu à peu sa présence jusqu’alors évanescente et qui, au gré des événements de la pièce s’épaissit des dimensions d’un monde urbain traversé de multiples émotions contradictoires.

D’abord être de langage, jeune femme égarée dans une ville dont elle ne connaît ni la langue, ni les us et coutumes, personnage bigarré porté par les mots et les phrases des autres dont elle se sert telles des cartes, Anna se laisse peu à peu habiter par l’histoire des lieux. Les récits anciens se mêlent aux fables contemporaines et lui content l’aventure d’une femme délaissée venue reconquérir le coeur de son amant.

Alors, les murs de la ville se couvrent de signes étranges qui transforment la promenade quotidienne en une épopée. Les odeurs, les couleurs, les sons changent sans cesse de nature. Le brouhaha des scooters amuse le marcheur et effraie l’héroïne à qui il rappelle la proximité de l’Averne. Naples est tantôt une cité bruissante, modernisée à coup de G7, tantôt le décor d’un opéra tragique.

Hantée par le drame antique, Anna/Didon voit en Maradona un merveilleux Apollon, Bacchus prête ses traits de caractère à Pulcinnella et Charon traîne une poussette d’objets hétéroclites dans les rues de la ville. Anna la touriste et Didon l’éprouvée ne font plus qu’un et les débats sont acharnés entre Dieux Anciens et Saints Modernes, Héros Antiques et Camoristes, quant au destin de ce personnage en quête d’identité.

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  • L’action du poète

Les mots du poète disent le monde. A la façon du chant homérique, ses langues, telles les multiples couches géologiques, architecturales, historiques, culturelles et politiques qui constituent les soubassements de la ville, dessinent les fondations de Naples. C’est à ces mots et ces phrases, offerts comme autant de cartes, qu’Anna se raccroche afin de s’orienter, au risque de se perdre quelques fois.

Son voyage commence par ce stade primordial de la vie humaine : l’apprentissage de la langue ; et se poursuit par cet autre moment non moins crucial : désapprendre ce que l’on sait, faire fi de ses habitudes, parler dans la langue des autres, fut-ce de façon maladroite, afin d’entendre ce qu’ils ont à nous dire.

Le poète susurre dans l’oreille d’Anna ces mots inconnus, apparemment venus de nulle part ; il lui enseigne les sonorités étranges du Napolitain, langue aux origines nombreuses et encore à ce jour discutées. Et pour ce faire, le poète apparaît quelque fois en chair et en os, sur le plateau.

Il ne joue pas, il dit. Ce qu’il dit, toutes ces langues qu’il parle à la fois, chacun peut s’en emparer pour se diriger, ou se dérouter, puisqu’après tout il existe différentes manières de visiter une ville, avec un guide en langue française ou au hasard d’une déambulation libre.

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  • Un dispositif spatial

Napoli express est un parcours imaginaire dans la ville de Naples. Dès lors traverser la ville, c’est vivre une expérience physique et spatiale. Le dispositif spatial propose est donc déterminant, car il traduit le mouvement même du projet, et invite le public à découvrir cet espace vivant.

Tout d’abord, l’espace de la représentation n’est pas délimité. Il est mouvant et se déplace selon une logique précise qui guidera les spectateurs dans leur déplacement.

L’espace est pris dans sa totalité architecturale et devient l’objet d’une exploration visuelle, sonore et corporelle. Le public est placé au coeur de cet espace traverse d’images, de sons et de corps. Il se retrouve dans une position double : à la fois spectateur et acteur de cet espace en mouvement où il apparaît en ombre dans l’image, puis sous la lumière d’un éclairage, où il côtoie les interprètes, les entravant parfois dans leur déplacements etc...

Dans un second temps, l’espace se fragmente par localisation. Les murs de l’architecture deviennent autant de surface de représentation. Il n’existe plus de notions telles que Cour et Jardin; tout est Face et Lointain simultanément, en correspondance avec les surfaces murales et les angles de la salle.

Une scène se joue là devant ce coin ou ce mur, puis une autre scène se passe ici, à côté, obligeant ainsi le public à se déplacer, scène après scène, à tourner sur lui-même.

A partir de cette multifrontalité «qui longe les murs» se dessine un mouvement circulaire. C’est alors, tout naturellement, que l’espace se retourne comme un gant passant des surFaces murales au Centre de l’espace . Ce centre apparaît comme un cercle, dessiné par le déplacement de la danseuse et il marque un moment clef du parcours lié à l’imaginaire du cratère du Vésuve, du ballon de foot, de l’antre du stade, de la Pizza, de l’entrée de l’Enfer du lac d’Averne que Dante emprunte en compagnie de Virgile.

Ces expérimentations spatiales correspondent ainsi à la démarche du projet qui propose un voyage imaginaire, avec toutes les sensations liées à l’expérience du voyage : être perdu, découvrir, entendre de nouveaux sons, voir de nouvelles images, ne pas comprendre les choses, visiter des musées, observer les gens, tenter de communiquer etc...

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Ménagerie de Verre

12, rue Léchevin 75011 Paris

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  • Bus : Crèche Jean Effel à 166 m, Four Peary à 230 m
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Spectacle terminé depuis le samedi 7 avril 2007

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