Des rencontres qui marquent, on peut en faire aussi à la lecture d’un roman : un personnage qui vous bouleverse ou qui vous trouble. Ici, sorti des Années d’apprentissage de Wilhelm Meister : Mignon, c’est son nom, un être androgyne, une fille qui se prend pour un garçon, une curieuse enfant à laquelle tout devenir adulte semble interdit. Toute une génération de compositeurs allemands, fascinés eux aussi par Mignon, ont mis en musique les poèmes que Goethe lui avait dédiés.
Sur scène, les danseurs, la chanteuse et les musiciens, dans une atmosphère tour à tour étrange et ludique, partent à la recherche de ce personnage enfui, mais qui leur dit encore quelque chose d’eux-mêmes et qui, à travers eux, vient s’adresser à nous également.
Pourtant, Mignon ne sait pas parler, ne peut pas parler, mais là où il n’y a plus de mots pour exprimer ce qu’on ressent, pour traduire sentiments et affects, il arrive qu’on puisse encore chanter et danser : c’est ça Mignon, cette possibilité-là, une énigme et une grâce.
Christian Gangneron
Libre-adaptation de Goethe.
Chorégraphie de Bérengère Fournier et Samuel Faccioli.
Musiques de Matthew Lima, Yann Robin Gilles Schuehmacher et Hugo Wolf
interprétés par Julie Robard-Gendre, mezzo-soprano ; l’Ensemble Multilatérale Cédric Carceles, saxophone ; Matthieu Lejeune, violoncelle.
106, rue Brancion 75015 Paris