Pour sa première création en tant que directeur du Cndc-Angers, Noé Soulier approfondit la question du rapport entre geste et mémoire. Au sein de cette expérience chorégraphique, musicale et plastique, la danse découpe des éclats, prélève des signes – cherchant à révéler les affects qui circulent sous l’apparente simplicité des mouvements quotidiens.
Que perçoit-on consciemment de ce que fait notre corps lorsqu’on effectue une action ? Peut-on avoir accès aux sensations d’un corps d’avant le langage – avant les réflexes, les automatismes d’action et de perception qui organisent notre rapport au monde ?
En partant de la saisie impossible d’une expérience globale de l’organisme, Noé Soulier a cherché à construire un tissu chorégraphique capable de révéler la part sensible de la machine motrice qui nous anime. Afin de dérégler nos habitudes perceptives, il a retiré les cadres discursifs ou narratifs donnant du sens à nos impulsions motrices, afin de composer une partition de gestes fragmentaires – un vocabulaire d’actions pratiques détournées de leur but.
Accompagnés des gestes musicaux composés par Karl Naegelen, aux prises avec l’espace morcelé conçu par l’artiste Thea Djordjaze, les danseurs combinent, recomposent, juxtaposent des activités en temps réels, jusqu’à produire un espace tissé de correspondances et d’échos. Dans un jeu de va-et-vient entre le visible et l’invisible, le contrôlable et l’imprévisible, la gestualité se propage à tout l’espace – sensoriel, sonore, visuel – creusant les couches mémorielles singulières des interprètes et donnant à voir une syntaxe d’intensités.
Place Georges Pompidou 75004 Paris