Après s’être emparée d’un monument de la littérature moderne - Listen to me de Gertrude Stein, présenté au Théâtre de la Bastille la saison passée - , Emma Morin adapte des textes de Pascalle Monnier. Ceux-ci adressent une série de questions, comme pour retenir l’attention, comme autant de conjurations vaines mais indispensables : « Et les saisons, Paul, qu’est-ce que tu penses des saisons ? / Entre l’été et le printemps, tu fais quelle différence ? »
Autant le précédent spectacle était lumineux, avec son plateau blanc et grand, travaillé par les couleurs, autant ce qui domine cette fois est le noir et la musique. Ici, « on pense comme on se heurte » selon la formule de Paul Valéry, qu’aime à citer Emma Morin.On retrouve toutefois le même gout de la comédienne metteur en scène pour la dimension sensorielle, mentale et musicale du théâtre.
Dans ce spectacle, à mi-chemin du théâtre (pour les textes), de la danse (pour l’attention portée aux états du corps) et de la musique (avec la présence scénique du guitariste Ryan Kernoa et du chanteur Frédérique Jouanlong), Emma Morin convoque sur le plateau la trace,le souvenir, et la réminiscence en travaillant sur le vide et l’absence. Son approche est plastique : il est question de trajectoires dans l’espace plus que de personnages, de contours plus que de psychologie. Rien d’étonnant à cela puisque cette dernière a longtemps pratiqué la danse, la musique ainsi que les arts plastiques sous plusieurs formes ( installations, diaporamas, lectures in situ, performances).
76, rue de la Roquette 75011 Paris