Nus, féroces et anthropophages

du 6 au 9 février 2015
1h30

Nus, féroces et anthropophages

Une aberration : tenter de rassembler une quinzaine d’artistes venus de France et du Brésil pour faire un spectacle sur la rencontre avec l'autre. Leur projet est de construire une dramaturgie qui détricote les clichés, qui inclue leurs difficultés et différences pour bâtir un spectacle conçu « en commun ».
  • Un spectacle né de mélanges

Nus, féroces et anthropophages est une aberration : tenter de rassembler une quinzaine d’artistes venue de France et du Brésil pour faire, le temps de quatre résidences dans les deux pays, un spectacle. Ce projet mélange les langues, les cultures, les codes théâtraux, les planning et les modes de production. Nous tentons de vaincre les différences car nous avons une conviction : la relation entre la France et le Brésil est à l’image de la marche du monde. Elle révèle un nouvel axe mondial chargé de complexité, et d’avenir. Nos deux nations ont des identités fortes, véhiculées par de nombreux clichés. Le but de nos résidences est de construire une dramaturgie qui détricote ces clichés qui inclue en elle nos difficultés et nos différences pour bâtir un spectacle conçu « en commun ».

Le matériau de travail est riche : récits des premiers explorateurs, performances in situ dans les villes visitées (Rio, Limoges, Choisy-le-Roi, Paris), anecdotes d’acteurs, clichés sur les deux pays. Il nous aide à poser sur le monde un regard qui rejette le « ça va de soi », « la grande habitude ».

  • « D'un regard, l'autre »

Notre point de départ est « le regard sur l’autre ». Nous nous baserons, dans un premier temps, sur un texte documentaire, récit de voyage, Le Brésil d’André Thevet - les singularités de la France Antarctique écrit en 1557. Il est un des premiers français à avoir foulé la terre brésilienne et à en faire le récit, tantôt étonné, tantôt sûr de lui et de sa supériorité. Il parle des indiens, de la végétation, des animaux, il exagère les situations. Il fait des croquis de monstres inventés. Son regard devient burlesque malgré lui. Partant de ce texte, nous mettrons en avant quelques questions qui guideront nos travaux : Quels préjugés historiques portons-nous de manière inconsciente ? Quels clichés reproduit-on ? Quelles sont les limites entre différence et sectarisme ? Qu’est ce que la pluralité ? Qu’est ce que la diversité ? Où et comment naissent les clichés ? Quels sont les points communs et les différences entre nos deux nations ? Peut-on se comprendre ? Que partage-t-on ? Quels sont nos leviers de communication ?

Nous croiserons ces questions avec d’autres, communes à nos deux compagnies : Comment établir une présence sensible de l’acteur en scène ? Quel acteur pour quelle dramaturgie ? Comment parler au public d’aujourd’hui ? Comment dévier le réel avec poésie, décalage et sans esprit de sérieux ? Inspirés par ces questions, et par beaucoup d’autres qui ont surgi lors des premières résidences, nous tenterons de créer une oeuvre plurielle, au croisement d’expériences diverses, à la recherche, surtout, d’un dialogue direct avec le public.

  • Un théâtre collectif, une écriture mêlée

Comme Lewis Carroll et son pays des merveilles, avec ce spectacle, nous souhaitons célébrer ce qui ne se voit pas, sur le même principe que le « non anniversaire ».

Nous envisageons le spectacle comme un montage de plusieurs petites célébrations du quotidien, un mécanisme répétitif qui produit de la nouveauté, de la singularité... La confrontation des cultures, des langues nous fait bégayer et dans ce va et vient géographique, surgit du « différent ». La répétition ne s’oppose pas à la production d’événements nouveaux. C’est un présent démultiplié. Notre travail c’est l’agencement organique de ces singularités.

Notre projet est un déplacement du centre de gravité. Il constitue un glossaire de toutes les activités auxquelles on peut accoler le préfixe « RE ». Cela renvoi à la notion de « braconnage ». « Faire avec », « inventer avec », « composer avec ». Nous allons pratiquer la reprise, celle des voyages, le remix, nos textes et ceux des premiers explorateurs. Cette pratique n’est pas nouvelle, et résulte sans aucun doute, d’une seconde nature, intuitive et impulsive, générée par la circulation des contenus.

Le « RE » c’est aussi, celui de la ritournelle, de la règle du jeu. Dans notre cas, c’est la réalité qui produit une fiction, c’est une expérience basée sur la réalité qui contient un potentiel de répétition, c’est la rencontre avec l’autre culture qui produit notre rituel artistique.

Qu’est ce qui appartient au Brésil, qu’est ce qui appartient à la France ? Qu’est ce qui appartient à l’acteur ? Qu’est ce qui appartient au metteur en scène ? A la personne rencontrée dans la rue ? Qu’est ce qui appartient à la réalité ?

Notre posture dans ce projet, se résume à refonder notre méthode d’observation du monde : réinterroger l’évident, le « ça va de soi ». Nous portons sur le monde un regard de « déplacé ». Nous regardons la réalité à travers un autre prisme : celui de l’étranger. Venant du dehors, nous floutons la réalité. Notre regard devient plus incisif, plus attentif. Et c’est cette posture, celle de l’exil, aussi volontaire soit il, que tous les artistes impliqués dans notre création tentent d’avoir.

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Spectacle terminé depuis le lundi 9 février 2015

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