Trois interprètes, une danseuse, un comédien et une comédienne, et plusieurs objets connectés qui finalement ne les aident pas tellement. Au début de la pièce, les comédiens essayent de nous livrer les textes qu’ils ont appris et préparés pour l’ouverture, mais comme souvent au théâtre, quelqu’un a oublié d’éteindre son téléphone portable. Sauf que cette fois, c’est les acteurs sur le plateau eux-mêmes ! Ainsi les situations un peu surréalistes et loufoques s’enchainent : tentatives de séduction via les réseaux sociaux, incursions Shakespeariennes en langage texto, premiers dates foireux à l’aide d’une application un peu trop pressée, usurpations d’identité, réalité virtuelle, confrontation entre pro et contre wifi...
Nous suivons nos trois protagonistes ballotés dans ce grand monde d’internet entre passion effrénée pour toutes les avancées technologiques et le sentiment de ne pas maîtriser grande chose tout compte fait. Un cri de révolte se libère à la fin : la danseuse, un peu plus silencieuse que les autres s’énerve. « Mais moi je kiffe être connectée ! ». La pièce se conclu sur une danse/transe de tous ces gestes qui habitent notre quotidien : faire défiler, zoomer, passer, cliquer, taper, monter le volume...
Retrouver du mystère et de la poésie dans un monde qui n'offre plus que le goût du néant. Nous, enfants de l’ère Internet, évoluons tant bien que mal à l'intérieur d'un système-labyrinthe qui nous demande toujours une meilleure performance, où il n’y a plus ni le temps ni la place pour ressentir et rêver.
Dans Off Line nous souhaitons retrouver cette sensibilité qui semble avoir été ensevelie sous un bombardement médiatique constant. Dans ce projet d'écriture de plateau, écriture hybride entre musique, danse, texte et vidéo, nous essayons de comprendre comment l'homme dès son plus jeune âge devient peu à peu machine (de guerre) en perdant sa sensibilité, emporté par le flux d'images et d'informations de notre société hyper connectée. A quel dégré toute cette connectivité (réseaux sociaux, mais peu soucieux) nous rend encore plus seuls, fictivement ou « en vrai ». Comment fait-on pour rencontrer vraiment quelqu'un, pour aimer à l’ère de youporn (1/3 des 18-24 pensent que les femmes peuvent prendre du plaisir à être forcées lors d’une relation sexuelle) ?
Travailler sur ces thématiques avec une attention particulière pour les adolescents nous semble d’une importance primordiale. Aujourd’hui les enfants reçoivent un Smartphone de plus en plus tôt, sont imbattables dans la maîtrise de la tablette, ont un profil Facebook avant d’entrer au collège et font du bizutage via Whatsapp. Loin d’être dans une démarche de rejet de la technologie, nous voulons nous interroger avec les jeunes sur les bons et mauvais cotés d’apprendre la vie par un tutoriel sur You tube plutôt que d’expérimenter « en vrai ».
Nous parlons beaucoup de sensations et nous souhaitons le faire à travers un spectacle sensoriel et drôle : trouver une clef pour accéder au public à travers un autre chemin que celui de la rationalité. La composition musicale, les images vidéo, les corps sur le plateau, la danse, instruments de voix et de mouvement, tout cela opère à la recherche d’un nouveau langage dans l’ère d’Internet avec un regard un peu décalé et ironique pour nous permettre aussi de rire de notre quotidien.
2 bis, Passage La Ruelle 75018 Paris