C’est l’histoire d’un couple qui ne fonctionne plus. Ou encore, d’un enfant roi, qui ne veut pas se purger et rend sa mère hystérique. Ou, d’un mari déchu...
C’est l’histoire d’un couple qui ne fonctionne plus.
Ou encore, d’un enfant roi, qui ne veut pas se purger et rend sa mère hystérique.
Ou, d’un mari déchu.
D’un invité perdu.
Non, c’est l’histoire de Rose, la bonne, qui décide de partir, de voir le monde qu’elle a côtoyé, mais de l’autre côté.
Réveiller le théâtre (de Feydeau)
« Comment tu veux que je te comprenne ? Tu me parles à contre-jour, je ne vois pas ce que tu dis. »
La pièce commence dans un décor presque froid, pas du tout intérieur bourgeois, mais avec des dictionnaires poussiéreux, des pots de chambre qui pendent, un bureau, une chaise. Au fil de la pièce, la tension monte, tout cela se réveille !
Pendant la première partie du spectacle, ça joue dans un espace clos, ça se répond du tac au tac, ça ne se comprend pas.
« C’est moi le cocu et c’est moi qu’on engueule ! »
Quand Chouilloux arrive, on passe du couple au monde, on s’autorise même à « changer de théâtre » le temps de quelques répliques. Mais au fond, pour Julie, Chouilloux vient déranger l’ordre établi, vient entraver la recherche de la résolution au problème du jour, la constipation de son fils, la chair de sa chair ! Et de l’autre côté Follavoine rame pour ramener à lui l’homme qui peut le faire sortir de sa condition, son « deus ex machina » !
Lorsque Toto intervient ensuite, c’est presque un film d’horreur qui se joue : Julie n’arrive toujours pas à le purger, Chouilloux se fait embarquer dans cette histoire jusqu’à boire l’hunyadi-janos, et Follavoine voit s’envoler le rêve de sa vie. Il n’y a plus de limites ! Jusqu’à la dégringolade finale, avec l’arrivée de madame Chouilloux et monsieur Truchet, l’amant, ou l’on parle ici de séparation, de divorce, mais aussi de suicide pour Follavoine et de meurtre par étouffement de Toto par sa mère.
Catharsis
« Ah ! Si on pouvait voir les femmes vingt ans après, on ne les épouserait pas vingt ans avant. »
La bonne représente le point de vue du public et est extérieure à l’action. Elle passe sans scrupules le quatrième mur pour ridiculiser les personnages qui ne s’en rendent pas compte.
Ce couple est aveugle face à la « merde » dans laquelle il vit, à l’intérieur de laquelle il élève, si l’on peut dire, un bébé de sept ans ! Feydeau lui-même, au-delà de la catharsis, voulait dénoncer une certaine bourgeoisie du 20ème siècle. En effet, il écrit cette pièce un an après son divorce, il y parle donc d’un couple qui manifestement ne peut pas vivre ensemble. Un homme qui a baissé les bras, face à cette espèce d’actrice qu’est sa femme. Mais il veut aussi parler de ces gens qui ne communiquent pas, font semblant, et pour qui l’argent, l’apparence et les qu’en dira-t-on sont les moteurs de la vie.
« Pauline Raineri brûle les planches ! (...) Ce tourbillon d’absurde procure, grâce au talent à l’inventivité de ce jeune collectif, un réel plaisir. » Les Trois Coups
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