Dans une immense maison, par un chaud après-midi d'été, suivi d'une nuit d'orage, se croisent et se toisent les destins des personnages suspendus entre l'illusion de leurs désirs et la solitude implacable de leurs existences. Dans un dernier sursaut pour combattre la peur de s'être trompé, de ne pas avoir vécu pleinement, chacun tente d'aimer, de haïr, de détruire.
Dans un texte crépusculaire, Tchekhov est au plus près des thèmes qui font la beauté de son oeuvre. Dans le terrain vague entre la fin d'un monde et le commencement incertain d'un autre, l'histoire nous parle du temps, des changements inexorables, de la fin des illusions, de la grandeur et de la faiblesse des hommes, en identifiant le vide de chacun à la perte symbolique de cette maison-mère.
Claudia Stavisky, qui dirige le Théâtre des Célestins à Lyon, passe avec aisance d’un répertoire contemporain – celui de La Femme d’avant de Roland Schimmelpfennig à Anton Tchekhov et Oncle Vania. L’œuvre exprime l’idée maîtresse de l’auteur, celle de la nécessité de la résignation à la vie de tous les jours. Cette version d’Oncle Vania souligne l’épaisseur et la profondeur de chaque personnage. Elle dévoile, peu à peu, la réalité des vies sacrifiées. Les plus humbles s’avèrent peut-être plus glorieux que la figure hautaine d’une réussite vide de sens et de sentiment. Entre fatalisme et révolte avortée, c’est toute l’âme russe que l’on retrouve dans ce drame, celui de la résignation, des ambitions abandonnées et de la vie qui suit son cours inexorablement.
Texte français André Markowicz et Françoise Morvan.
37 bis, bd de la Chapelle 75010 Paris