Dans le cadre du Festival Open Space 1.
Outre-mer propose une plongée dans les profondeurs de l’être. Un voyage à la découverte de ces élans secrets que nous gardons habituellement sous silence.
Quelle place accordons-nous à nos monstres, ceux auxquels nous donnons forme dans nos livres d’images, dans nos contes et légendes ? Que nous montrent les monstres ? Que révèlent-ils de nous-mêmes ? L’Étrange comme l’autre versant du Réel. L’Étranger aussi, comme un autre moi qui cristallise mes peurs intimes.
Comme nos angoisses profondes, l’eau parfois reflue, remonte à la surface, sort de son lit, déborde les canaux jusqu’à rompre les digues. Plutôt que de vainement de les combattre, pourquoi n’accorderions-nous pas quelques danses à nos propres fantômes ?
Les contes de fantômes japonais regorgent d’un bestiaire d’une richesse fantastique : femmes renardes côtoient hommes sans visage. Ces monstres appelés YÔKAÏ font partie intégrante du monde des hommes. Réalité du quotidien et surnaturel s’interpénètrent. Outre-mer donnera à voir des corps en métamorphose, passant d’un corps d’homme à un corps hybride aux mouvements irréguliers et inattendus.
L’élément eau sera omniprésent et traité avec les arts numériques. La surface de l’eau comme une surface de peau qui vibre et frissonne sous le vent mais qui laisse hors de vue la complexité des fonds, la densité de la chair. Il sera question plus largement de la question de l’eau et du rapport de l’homme à cet élément vital d’où nous tirons notre origine.
« Je ne sais pas si le corps est la matière du danseur. J’ai le sentiment que le danseur travaille une sorte de glaise infiniment malléable, une substance étrange, protéiforme, inépuisable, qu’il pétrit inlassablement pour la rendre visible. Pour cela, il doit d’une certaine manière s’absenter du monde des corps, pour rejoindre cet autre monde où visible et invisible, passé et futur se confondent en un mystérieux point d’incandescence. Peut-être est-ce de cette image que me vient l’idée que danser serait un art de la disparition, ou bien dit un peu autrement, de l’omniprésence. Et de penser aussitôt que dans sa course éperdue vers une connexion suprême au monde, l’être humain porte en lui depuis l’origine, le désir d’être à la fois ici et ailleurs. Le germe insensé de l’ubiquité. »
Michaël d’Auzon
Le plateau « nu » est le lieu de la rencontre de trois femmes en errance - marchant - déambulant sans véritable but. Leurs trajectoires dessinent une topologie particulière de l’espace, traces d’un égarement quasi mystique. Leurs corps s’effleurent, se rencontrent et deviennent l’embarcadère où commence leur voyage, un exil où les corps souffrent inévitablement. « Elles ne cherchent pas l’impossible mais le trouve en tout lieu. […] Les tourments qui les torturent transcrivent d’indicibles chants ». Les trois femmes sont en quête d’un lieu où exorciser leurs maux et transcender leur solitude - un lieu où l’ineffable se raconte en corps.
Imminence est un dispositif pour deux danseuses et une éclairagiste. Il est question de se confronter ici au désir et à l’attraction évoquée avec le filtre de la pudeur. Le désir commence par tous les trajets d’approches, les dialogues de regards et mouvements infra minces entre deux corps qui se rencontrent, tout ce qui concourt à envisager l’autre avant de le toucher. Prenant le parti pris du face à face, ce duo chorégraphie l’imminence du toucher entre les deux danseuses, pour ne garder l’épure des vibrations et combine trois partitions : une chorégraphique, une lumineuse et une musicale. Une troisième danseuse vient mettre à l’épreuve l’image de ces deux corps par la mobilité permanente d’un faisceau unique de lumière sur le plateau, et ce pour rendre le point de vue du spectateur constamment mouvant.
16, rue Georgette Agutte 75018 Paris