Par trois fois, à la fin des années 50 d'abord, puis dans les années 80, Marguerite Duras accepte d'écrire pour les journaux. Pour France Observateur, pour Libération, pour d'autres revues aujourd'hui disparues.
Les textes du spectacle ont tous été choisis dans Outside (1981) et La vie matérielle (1987). Marguerite Duras y montre une tendresse singulière pour tous ceux qui sont « en marge », par leur misère, leur solitude ; ceux qui font le monde à leur manière, dans le silence.
Dans le monde extérieur tout intéresse l'écrivain, celle qui vole pour vivre, celle qui ne sait pas lire, la répression aveugle dans Paris contre les Algériens, celui qui tue femme et maîtresse avant de se tuer lui-même, la vieille irlandaise rencontrée dans un bar, une mère qui se suicide avec ses enfants après qu'un agent lui a coupé l'eau en plein été.
Ces textes de commande, parfois alimentaires, donnent alors lieu à de petits tableaux de la vie quotidienne, où d'une écriture lapidaire, l'écrivain capte l'intolérable et l'inracontable.
Regarder le monde, c'est alors descendre au cœur de la douleur et constater que celle-ci est tissée des mêmes fils qui plongent dans le terreau noir où s'origine son écriture : son enfance au Vietnam, l'amour du petit frère, son sentiment d'être exclue, d'être l'étrangère, sa compassion pour la misère de sa mère et celle des annamites.
Découvrir que l'histoire du monde raconte les mêmes souffrances, les mêmes solitudes, les mêmes errances que la sienne.
Chaque scène anodine en elle-même devient sous sa plume un court drame jeté sur le papier dans l'urgence, où le regard, d'une acuité et d'une justesse exacerbée, devient un moyen subversif d'investigation du réel.
Ce sont ces thèmes qui s'entrecroisent, que quatre comédiennes, quatre femmes d'âge différent feront entendre sur le plateau, au plus près d'une écriture parfois dense et serrée comme un cri, parfois lyrique, ample et fluide qui nous emmène au bord du silence.
Sylviane Bernard Gresh
Textes réunis par Sylviane Bernard-Gresh.
« Un monde hétéroclite qui intrigue, fait saliver et réjouit. Duras est là, entre des personnages ordinaires ou dérangeants. La complémentarité des portraits, le choix des comédiennes qui leur donnent vie, toutes quatre des natures, charnelles, aériennes, mais habitées, donnent son punch à cette saga. On se délecte. » Marie Ordinis, Mag-theatre
« L'éloge d'une écriture qui prête attention au monde alentour. » Véronique Hotte, La Terrasse
« Quatre femmes jouées par Jenny Alpha, Judith d'Aleazzo, Coco Felgeirolles et Sylvie Herbert, font entendre la voix ou plutôt le cri de ces petites gens qui racontent la violence au quotidien. » Le Figaro
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