Le bonheur et le bien être en passerait par le langage et la communication entre les êtres dit on. Mais que faire de soi quand il est impossible de trouver le mot juste, le mot au plus près ?
Un homme et une femme, sur scène, s'égarent dans la parole. Leur langage petit à petit se déconstruit pour tenter de toucher au vif. Faire éclater la folie, l'épuisement et l'ennui suscités par cet acharnement à dire et comprendre. Mettre en lumière l'humour et la poésie, indissociables de cette tentative, vaine.
Paroles affolées s’est créé à partir d’interrogations, de questionnements existentiels autour de problématiques humaines, individuelles et intimes. Je m’interrogeais de façon très large sur les rapports humains, amoureux, sur la communication entre les êtres, sur la nécessité du dire, des mots, de ce qu’ils soulèvent, prouvent et assurent.
J’avais le désir de mettre en place non pas une narration, mais bien des fragments, pour créer le réel et la poésie autour de deux êtres, un homme et une femme sur le plateau.Aussi, créer le dialogue, afin de l’abandonner pour faire parler le silence, les corps, les gestes.Il a été nécessaire pour moi, de s’armer de patience, qu’il y ait une maturation lente lors de l’élaboration du projet.
A partir des matériaux qu’étaient les miens (textes, chansons, exercices de plateau…), j’ai accordé toute sa place au matériau, à la parole de l’acteur, en amont, et durant le travail de répétitions. Que la parole de l’acteur prenne tout son poids, et tout son sens, au plus profond.
La lecture du Dictionnaire des idées reçues de Flaubert, du Nouveau Désordre Amoureux de Pascal Bruckner et Alain Finkielkraut, des Fragments d’un discours amoureux de Roland Barthes, de Devant la parole de Valère Novarina, réentendre les voix d’Edith Piaf, de Dalida, d’Elvis Presley notamment, ont permis de s’interroger sur le désir amoureux et des clichés du langage amoureux.
A partir de ces supports qui ont approfondi nos interrogations communes, il s’agit de faire un travail d’improvisation, je veux dire d’écriture à partir du plateau. Il était indispensable, selon moi, de « laisser faire » les acteurs, prendre le temps, dans le temps réel de la répétition, laisser les acteurs se perdre, pour que quelque chose puisse arriver. Il s’agit de prendre ce temps-là, nécessaire à ma recherche du réel, et ainsi ne pas, par manque de temps, mettre sur scène une vérité qui serait la mienne. Que le spectacle ait lieu sur scène mais bien aussi dans la tête des spectateurs.
Sophie Mourousi
16, rue Georgette Agutte 75018 Paris