Par ce spectacle, j’ai voulu, d’une œuvre que beaucoup connaissent, mettre en lumière la face cachée, celle de la poésie ; me faire l’interprète de cette parole intime, mettre ma voix au service de celle-là.
Et si la musique, comme mon amour pour elle, peut aider à en chasser un peu les ténèbres, à dissiper l’obscurité, si le chant peut porter plus loin cette parole, alors que sonne la Langue Paternelle, et qu’elle fasse résonner nos cathédrales modernes !
On se prend à rire au détour d’un monde d’amour : « Ce n’est pas votre peau qui fait que je vous vois/ car je la vois à peine ; ce n’est pas votre peau que j’aime, / mais je n’aimerais pas une femme de bois… »
On est cueilli par la métaphysique en plein dialogue comique : « Avoir un oiseau, quelle illusion… Les oiseaux, ce n’est pas le verbe avoir qu’il faut leur appliquer, c’est le verbe être. Je voudrais être un oiseau ! On peur souhaiter d’être un oiseau, les oiseaux nous prouvent que c’est facile, ce qui est difficile, c’est de devenir un oiseau… »
Les dialogues choisis ont tous cette double dimension et de même que les poèmes et chansons témoignent de cette rencontre idéale que chacun porte en soi - « la rencontre » - , les dialogues, eux, mettent en scène nos tentatives toujours renouvelées de nous rencontrer dans la vie réelle. Je trouve à cette occasion, Simon Bakhouche avec lequel j’ai déjà formé un couple dubitativement, ainsi qu’Isabelle Serrand, compositrice privilégiée des chansons de mon père : sa musique possède entr’autres qualités de permettre à l’interprète de ne pas avoir à choisir entre le poétique et le comique.
Ariane Dubillard
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